Portrait Claude Genin, membre du Comex de l'AVARAP

Dans ce monde de brutes où prospèrent la haine et le mensonge, massivement propagés par les réseaux sociaux, des valeurs comme la tolérance, le respect et la bienveillance redeviennent indispensables.

 

Serge Tisseron, psychiatre, docteur en psychologie habilité à diriger des recherches, membre de l’Académie des technologies, a consacré deux ouvrages à ce concept : « L’Empathie au cœur du jeu social. Vivre ensemble ou mourir » (septembre 2010) et « Empathie et manipulations Les pièges de la compassion » (mars 2017). Selon lui, « L’empathie pour autrui a trois composantes : l’empathie émotionnelle (ou affective), l’empathie cognitive et l’empathie mature qui, lorsqu’elle est partagée avec autrui, devient réciproque. L’empathie émotionnelle permet à l’être humain d’identifier les émotions de l’autre sans nécessairement les partager. L’empathie cognitive est la capacité de comprendre que l’autre a une vie mentale différente de la sienne : “Je vois que tu es content, j’en comprends les raisons, mais moi, elles ne me feraient pas plaisir”. Enfin, l’empathie mature, qui combine les deux premières, est la capacité de se mettre émotionnellement à la place de l’autre : “Je vois que tu es content, je comprends pourquoi et, à ta place, je le serais aussi.” »

Être capable d’empathie suppose d’abord une bonne estime de soi. S’intéresser aux autres est essentiel. Il faut savoir écouter, avoir une bonne intelligence émotionnelle et sociale. Savoir écouter c’est prêter attention à ce que dit l’autre en évitant la tentation d’interpréter ses paroles au vu de sa propre expérience.

 

Développer notre confiance en nous

Pratiquer l’auto-empathie est important, s’aimer soi-même et prendre soin de soi comme nous le faisons avec les autres ; se connecter avec soi-même de manière bienveillante et respectueuse, s’observer sans porter de jugement, être en paix avec soi-même. La pratique de l’auto-empathie développe notre confiance en nous.

Il est cependant nécessaire de maintenir une distance entre ce que l’autre éprouve et ce que nous éprouvons pour éviter un risque de contagion émotionnelle. Précisons que l’empathie n’est ni la sympathie ni la compassion. La sympathie nous amène à partager les émotions et les valeurs de l’autre personne. Quant à la compassion elle concerne l’attitude que nous adoptons vis-à-vis de personnes en souffrance, se trouvant de ce fait en position de victimes. Son principal défaut est qu’elle peut s’accompagner d’un sentiment de supériorité.

Dans son ouvrage « Empathie et manipulations », Serge Tisseron nous alerte : « L’empathie pour la souffrance d’autrui peut être exploitée à des fins malhonnêtes, quand une personne va savoir rentrer dans le psychisme de l’autre pour mieux la manipuler. »

Cela me fait penser à ce proverbe arabe : « Il faut caresser la vache avant de la traire » !

« L’empathie cognitive donne un extraordinaire pouvoir de manipulation, car elle permet de comprendre les émotions d’autrui sans les partager. Le très bon séducteur, négociateur ou pédagogue, tout autant que le sadique ou le pervers va savoir convaincre à sa manière. »

Certaines personnes sont totalement dépourvues d’empathie. Elles sont préoccupées exclusivement par elles-mêmes. Elles ne s’intéressent aux autres que dans la mesure où elles peuvent en tirer profit. Le cas le plus spectaculaire est celui des dictateurs (lesquels se recrutent dans plusieurs milieux et pas seulement à la tête d’un état !)

 

L’empathie en entreprise

L’empathie est la compétence de leadership la plus importante selon les recherches. Voici quelques extraits de l’article traduit de Forbes US et rédigé par Tracy Brower.

L’empathie contribue à des résultats positifs. Alors que nous traversons des périodes difficiles, que nous luttons contre l’épuisement professionnel ou que nous avons du mal à trouver le bonheur au travail, l’empathie peut être un antidote puissant et contribuer à des expériences positives pour les individus et les équipes.

L’engagement. 76 % des personnes qui ont fait l’expérience de l’empathie de la part de leurs dirigeants ont déclaré être engagées, contre seulement 32 % des personnes qui ont fait l’expérience de moins d’empathie.

Vie professionnelle et vie privée. Lorsque les personnes ont le sentiment que leurs dirigeants sont plus empathiques, 86 % d’entre elles déclarent être en mesure de concilier les exigences de leur travail et de leur vie personnelle – en jonglant avec succès avec leurs obligations personnelles, familiales et professionnelles. »

Il paraît nécessaire, pour beaucoup d’entreprises, de repenser le management. Un management fondé sur l’écoute et la compréhension de l’autre, un management qui donne de la reconnaissance, fondé sur la confiance. Tout cela pour aboutir à la création d’un environnement de travail épanouissant.

 

L’empathie et les groupes AVARAP

Dans les groupes AVARAP, l’empathie est une composante naturelle de son fonctionnement. Bienveillance, respect de soi et des autres, écoute, non jugement, solidarité … tout cela constitue la richesse de l’expérience de chacun(e) des membres du groupe.

La période actuelle, caractérisée notamment par une remise en cause de certains modes de management va inciter les entreprises à remettre l’humain au cœur de son fonctionnement.

L’empathie : pour des relations sociales et professionnelles harmonieuses et un monde apaisé

Claude Génin Avarap

 

Quel est votre niveau d’empathie ?

Il y a ce que votre interlocuteur vous dit et ce qu’il ressent. L’empathie est cette capacité de comprendre les émotions et les sentiments des autres. Elle devient un véritable talent pour améliorer la qualité de vos relations en réseau. Découvrez comment le cultiver.

Quel est votre score sur l’empathie-mètre ?

Lisez chaque affirmation du tableau ci-dessous et cochez la case qui vous correspond, en étant le plus sincère possible.

Plutôt vrai Plutôt faux
1. Je sais reconnaître dans quel état émotionnel je suis.
2. J’aime observer les gens.
3. Je sais mettre le mot juste sur les émotions des autres.
4. Je suis de nature bienveillante.
5. J’aide les autres à exprimer ce qu’ils ressentent.
6. Je ressens facilement les atmosphères et les ambiances.
7. Je sais expliquer pourquoi une personne peut avoir telle réaction ou telle émotion.
8. J’ai conscience de l’impact que j’ai sur les autres.
9. J’ai une bonne écoute.
10. Je me mets facilement à la place des autres.
11. J’accepte aisément le point de vue des autres, même s’il diffère du mien.
12. J’imagine, avant de critiquer, comment je me sentirais si je vivais cette situation.
13. Je m’abstiens de trouver des solutions pour les autres.
14. Je suis attentif aux besoins des autres.
15. J’accueille sans jugement les confidences des autres.
Résultat

 

Analyse des réponses

Êtes-vous parvenu à répondre honnêtement ? Oui ? En êtes-vous bien sûr ? Vous pouvez aussi demander à votre entourage de remplir ce questionnaire à votre place pour recouper vos réponses.

Comptez un point pour chaque case « Plutôt vrai » cochée.

Si vous avez au moins 11 points, l’empathie est un concept que vous maîtrisez, vous avez de vrais atouts en main. Vous devez être apprécié de votre entourage, qui doit aimer venir se confier auprès de vous. Attention cependant à ne pas vous laisser envahir.

Si vous avez entre 6 et 10 points, vous avez une bonne base, sans doute votre empathie dépend-elle des personnes et des sujets. Pour progresser, commencez par repérer les situations dérangeantes pour vous.

Si vous avez moins de 5 points, au quotidien, l’empathie n’est pas pour vous chose facile. Peut-être faites-vous partie de ces personnes qui font barrage à leur ressenti.

 

Extraits de 50 exercices pour développer son empathie, de Philippe Lebreton et Patricia du Sorbier, éditions Eyrolles, janvier 2014.

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