Yves Chambert-Loir, parain AVARAP, formateur de Parrains Marraines, coaching par le théâtre, comédien et metteur en scène

 Agé de 40 ans, Yves Chambert-Loir intégrait un groupe Avarap sur la recommandation d’une amie. Débarqué de son entreprise après un plan social, il n’imaginait pas à quel point sa vie allait être bouleversée. 

 

Lorsque Yves Chambert-Loir se raconte, l’essentiel de son propos tient en un mot : théâtre. Et pourtant, ce financier amoureux des voyages et des relations humaines a beaucoup à dire sur ses autres passions. Il faut croire que celle-ci est dominante. « J’ai commencé à faire du théâtre en classe de quatrième. Solitaire et plutôt renfermé, je n’aurais pas osé m’inscrire à l’atelier théâtre sans mon ami Pierre, qui a été à l’initiative de ce choix. Je lui en suis vraiment reconnaissant. Quarante ans après, nous sommes toujours amis proches. »

Il développe sa passion des voyages, des relations humaines et de la découverte des autres cultures dans les dix premières années de sa vie. Son père, ingénieur en génie civil, travaille chez GTM (Grands travaux de Marseille). Accompagné de son épouse – avant de formuler sa demande en mariage, il s’était assuré auprès d’elle qu’elle était prête à l’accompagner dans ses missions autour du globe – il parcourt la planète pour exercer son métier. Yves Chambert-Loir naît donc à Rio de Janeiro. Troisième d’une fratrie de six enfants, il passe les dix premières années de sa vie hors de France au gré des missions de son père. Une enfance de rêve : « J’avais l’impression de vivre des vacance perpétuelles », se souvient-il. Le retour à la réalité à Versailles, en classe de CM2, est rude.

Jusqu’à cette inscription à l’atelier théâtre : un hobby très prenant : « Nous donnions 3 à 4 représentations par an. »

 

Diplômé de l’ESG et Premier prix du conservatoire

Parallèlement, Yves suit un parcours d’élève que les chiffres ne rebutent pas. Son bac G2 (comptabilité et gestion) en poche, il présente le concours d’art dramatique de la ville. Avec succès. Ses parents (« Ce n’est pas un vrai métier ») lui imposent de choisir des études débouchant sur un emploi. Ce sera l’ESG (Ecole supérieure de gestion) à Paris, qu’il suit tout en continuant son parcours de théâtre. Ses journées et ses soirées sont bien remplies – « Heureusement, je suis un petit dormeur, cinq à six heures de sommeil me suffisent » – mais ce sont des années exaltantes. Il obtient le diplôme de l’ESG et le premier prix du conservatoire d’art dramatique de Versailles en jouant Sganarelle la même année, en 1985.

Il s’installe alors à Paris et s’inscrit au Cours Florent pour compléter sa formation « très classique et centrée sur le texte ». Suivent quatre années où il va alterner les postes en intérim dans la comptabilité fournisseurs et achats, la gestion ou la finance et les périodes de répétitions, de tournées et de représentations. « Six à huit mois de travail salarié par an suffisaient, sourit-il. J’habitais une chambre minuscule dans le Ve arrondissement et je joignais les deux bouts comme je pouvais. »

 

Intermittent de la finance

Son travail donne pourtant satisfaction et, en 1991, l’un de ses employeurs qui ne veut pas s’en séparer à la fin d’une mission – dont la femme est comédienne – lui propose un contrat de rêve avec une clause lui permettant de s’absenter à chaque fois que le théâtre le réclame. En 1992, il fait le deuil d’une carrière théâtrale professionnelle et il crée sa propre compagnie de théâtre. Sa carrière de financier évolue bien et il prend du galon. Le voici crédit manager et responsable d’une équipe de 60 personnes. Un poste à plein temps qui l’éloigne provisoirement des planches.

En 2001, son employeur lui propose de déployer un logiciel de gestion sur toute la France et il découvre la formation, un domaine qui le passionne. En 2003, un plan social met sur le carreau 500 des 800 salariés de l’entreprise. Il se retrouve sans emploi et, sur les conseils d’une amie qui a suivi un parcours AVARAP, s’inscrit à un groupe. « Le groupe comprend 11 personnes toutes à la recherche d’un emploi. Nous nous investissons à fond et nous bouclons le parcours en six mois. Le moment fort de la Récolte reste gravé dans ma mémoire. Sur les pots-it, les fonctions de manager financier, d’administrateur de théâtre, de directeur de MJC voisinent avec un métier inconnu de moi jusque-là : formateur en communication et en développement personnel à travers le théâtre en entreprise. Je prépare trois cibles : une cible de financier, une cible de formateur en logiciels de gestion et une dernière de formateur en communication. Le groupe vote à l’unanimité sur cette troisième proposition – “tes yeux brillent tellement lorsque tu parles de théâtre“ – et je creuse cette voie en faisant des entretiens réseau. »

 

Formateur Indépendant et comédien de théâtre

Yves Chambert-Loir passe alors plusieurs mois à peaufiner son projet et à construire des modules de formation. Il utilise les techniques du théâtre pour apprendre aux postulants à maîtriser la prise de parole en public, placer leur voix et leur corps et répéter le texte de leur intervention. « Tout comme un comédien doit travailler son corps, sa voix et sa gestuelle et apprivoiser le trac, le manager doit apprendre à passer des messages, exprimer son accord ou ses désaccords », explique-t-il.

Il teste ses modules avec le groupe AVARAP reformé pour l’occasion puis il se lance dans le grand bain. L’exercice libéral – il est reconnu organisme de formation – lui permet de continuer à exercer ses talents de comédien et il a trouvé un bel équilibre entre ces deux activités même si la précarité de sa situation lui pèse un peu. «  Ma visibilité est de trois mois ce qui, pour un anxieux comme moi, est parfois difficile à vivre », sourit-il.

S’il est heureux ? « C’est un grand bonheur pour moi. J’adore ce que je fais, même si les aspects administratifs ne sont pas vraiment mon fort. Ceci dit : si une grande entreprise me propose de me salarier à plein temps pour faire de la formation, je ne suis pas sûr de résister. » Avis aux amateurs !