Marion Inizan : « Le parcours AVARAP m’a encouragée à explorer d’autres formes d’activités et d’engagement »

D’Annecy à Lyon, de Paris à Melbourne ou à Auckland, Marion a toujours fonctionné « à 100 à l’heure ». Et ce n’est pas près de se terminer : entre la création d’une société de production audiovisuelle, sa participation au projet de nouveau CRM pour notre association, la conduite, comme marraine, d’un groupe AVARAP, cette boulimique d’activités a trouvé de quoi satisfaire sa soif d’action !

 

Dans quelques mois, l’AVARAP sera dotée d’un nouveau système d’information, un véritable CRM qui va remplacer la base de données développée en interne au fil des ans et qui devait évoluer. C’est le fruit du travail d’un groupe de bénévoles dont Marion a fait tout de suite partie. « Quand j’ai terminé mon parcours AVARAP, se souvient-elle, après avoir été cooptée comme animatrice du groupe, je me suis demandée comment je pourrais garder un lien et mieux connaître cette association dont la mission, les valeurs et les résultats m’avaient totalement convaincue. Rejoindre le projet IMAGO me permettait de mettre au service de l’AVARAP mes compétences en gestion de projet et accompagnement au changement. »

Mais son parcours de bénévole ne va pas s’arrêter pas là : « Pour mieux comprendre les besoins que devait couvrir le nouveau système d’information, je devais connaître intimement les process de l’AVARAP. J’ai donc suivi le parcours de formation de parrains/marraines. Je me suis prise au jeu et cette formation m’a passionnée. Résultat, je prends mon premier groupe la semaine prochaine, le 21 janvier… »

 

Des premières expériences professionnelles au questionnement

C’est en 2015 que sa route croise l’AVARAP. « Alors que je me posais des questions sur mon parcours professionnel, j’ai échangé avec une amie qui suivait un parcours AVARAP à Nantes. Cette idée d’entamer une réflexion professionnelle en groupe et en partageant collectivement nos différentes expériences m’a tout de suite séduite. J’ai aimé le cadre qu’offrait l’AVARAP qui permettait d’aborder des sujets très personnels tout en se sentant en sécurité. »

Marion se souvient bien de cette période de flottement qui intervient après un parcours professionnel riche et varié. Cette native d’Annecy fait comme beaucoup une école de commerce sans un projet professionnel très précis en tête.

Au sortir de l’école, après une expérience de six mois dans un petit cabinet de conseil, elle intègre la société Bureau Veritas, « fleuron du capitalisme français, peu connu du grand public mais chouchouté des investisseurs qui engrangent les bénéfices d’une croissance annuelle à deux chiffres. Une entreprise d’ingénieurs et de spécialistes, dans des métiers a priori un peu ennuyeux, le contrôle, la certification. Mais c’est une entreprise internationale, présente dans 140 pays, ayant une forte culture entrepreneuriale. » On lui propose très rapidement une mission de deux mois en Australie. Bureau Veritas y avait racheté cinq sociétés. « Il fallait intégrer ces sociétés, gérer les aspects culturels et humains, se souvient-elle. Cette mission et son environnement m’ont immédiatement plu et mon travail a été suffisamment apprécié pour qu’on me propose six mois plus tard un poste permanent à Melbourne… J’ai fait mes valises sans hésitation ».

C’est une nouvelle vie qui commence. « Je me suis très vite sentie chez moi à Melbourne, j’aimais cette ville cosmopolite, intellectuelle et industrieuse, et je ne boudais pas la qualité de vie qu’elle avait à offrir. L’Australie était un îlot d’optimisme bien loin de la morosité française post crise financière. »

 

Installation en Nouvelle-Zélande

Au bout de deux ans, elle accepte un poste de contrôleuse de gestion à Auckland. Nouveau déménagement dans un environnement qui n’a pas l’attractivité de Melbourne. La mission est passionnante mais le contexte est compliqué car l’activité « ne se porte pas au mieux ». Son entreprise fait le choix de vendre la filiale et de quitter la Nouvelle-Zélande. Elle participe au projet de vente à l’issue duquel elle doit trouver un nouveau poste à Paris.

« Nous sommes en 2012. J’avais passé les premières années de ma vie professionnelle très éloignée des enjeux et des réseaux du siège parisien ce qui a rendu mon retour compliqué », se souvient-elle.

Autant son positionnement était clair lorsqu’elle était affectée à Melbourne ou à Auckland, autant elle a du mal à trouver sa place dans les missions qu’on lui confie à son retour en France.

 

Un projet professionnel en rupture

Elle débute alors son parcours AVARAP qu’elle suit entre janvier et mai 2015. Cooptée comme animatrice, elle conduit le groupe jusqu’à la sublimation. L’expérience est extrêmement positive même si elle a du mal à trouver un projet professionnel qui la fasse réellement vibrer. « J’avais d’abord besoin de déconstruire un certain nombre de barrières pour m’autoriser à aller vers des voies qui m’attiraient mais s’avéraient plus précaires ou plus risquées. Le bilan PerformanSe m’a donné des pistes intéressantes, confirmant mon mode de fonctionnement basé sur l’intuition et à la créativité mais ma difficulté à l’appliquer au cadre professionnel. » Pour « aller chercher ce que [elle a] dans le ventre », elle participe à des ateliers d’improvisation autour du personnage du clown. Plus généralement, le parcours AVARAP l’a encouragée à explorer d’autres formes d’activités et d’engagement, terreau pour imaginer d’autres futurs professionnels : un joyeux mélange de pratiques culturelles, associatives ou sportives – en bonne Avarpienne, elle est également « cafiste », passionnée d’escalade et d’alpinisme.

C’est finalement son départ de Bureau Veritas fin 2017 qui lui offre l’opportunité de construire un projet professionnel en rupture dans le domaine de la production audiovisuelle où elle va pouvoir exprimer ses qualités de création et d’intuition tout en s’appuyant sur la capacité à suivre et à conduire des projets qu’elle a développée dans son parcours antérieur.

Caroline Ducrot : « Mon parcours à l’AVARAP m’a autorisée à revenir aux sources de mes envies d’adolescente »

En septembre dernier, Caroline Ducrot a accueilli les premiers enfants inscrits dans l’école Montessori qu’elle a créée à Issy-les-Moulineaux et qu’elle dirige. Cette aventure, qui a pris corps lors de son parcours AVARAP, lui a permis, après un parcours de dix-sept ans dans le marketing, de revenir à ses premières amours d’adolescente : l’enseignement. 

 

« Je n’aurais jamais réussi mon changement de vie professionnelle sans le soutien de ma famille », déclare d’emblée Caroline Ducrot. Son mari et ses deux filles (8 et 11 ans aujourd’hui) lui ont apporté réconfort, encouragements et soutien autant sur les plans moral que financier. « Et ils ont accepté le nécessaire ajustement de notre niveau de vie », précise celle qui a passé dix-sept ans au marketing d’Unilever quand elle décide de se lancer dans l’aventure de la création d’une école à la pédagogie alternative et « dans le secteur privé sans contrat ».

C’est un retour aux sources pour cette parisienne (elle est née à Sainte-Geneviève des Bois) qui revendique ses origines savoyardes. « Mes grands parents étaient paysans dans les Alpes. Mon père a fait des études d’ingénieur. C’était un travaillomane. Quand je lui ai dit que je me destinais aux métiers de l’enseignement mes parents ont tout fait – avec la complicité de ma sœur – pour me persuader de poursuivre des études dans une grande école. »

 

Pimenter les études

C’est ainsi que, à 18 ans, Caroline entre en prépa à Carnot, puis intègre l’Essec. « Après deux ans de prépa enthousiasmantes, le contenu de l’enseignement de l’Essec m’a un peu déçue. Je me suis donc débrouillée pour pimenter les études : échange au Brésil, stage au Japon – j’en ai profité pour apprendre la langue – et, enfin, alternance dans le service marketing de chez Esso. »

Elle a surtout suivi des cours droit et environnement (« des matières plus ouvertes sur le monde ») puis trouve un job de chef de secteur dans une entreprise de la grande consommation : Bestfoods. Quand son entité est absorbée par Unilever, elle intègre cette nouvelle structure. Elle choisit l’expatriation et part travailler aux Pays-Bas, siège du groupe.

« Je suis une perfectionniste, continue-t-elle. Je me suis retrouvée à dépenser beaucoup d’énergie pour un métier qui ne me nourrissait pas. Au bout de sept années de marketing, j’ai fait un bilan de compétences. Mais, enceinte de mon premier bébé, j’ai estimé que ce n’était pas le bon moment pour changer. »

 

Une méthode prouvée et éprouvée

Une deuxième fille arrive. Caroline mène de front une vie professionnelle toujours plus dense et une vie familiale qui ne l’est pas moins. Un jour son corps dit non : elle se retrouve en burn-out et elle s’arrête de travailler pendant quatre mois. Exténuée, elle ne parvient pas à se reconstruire. Elle décide alors de changer d’univers et elle s’envole deux semaines en Inde pour suivre une cure d’Ayurveda. « Je me suis complètement reboostée, sourit-elle. J’ai rencontré des gens qui vivaient une vie très différente de la mienne, j’ai pris de la distance et j’ai décidé remettre à plat mon job. »

A la faveur d’une suppression de poste, elle quitte Unilever. Elle entend parler de l’AVARAP par une amie et elle assiste à une réunion d’information. Elle est séduite par le travail en groupe, le sérieux de la méthode prouvée et éprouvée même si elle ne trouve pas la présentation « sexy » et l’organisation « un peu militaire ».

En janvier 2017, elle intègre un groupe qui se réunit les mercredis soir à Neuilly. Les débuts sont chaotiques car le parrain connaît des difficultés familiales qui le conduisent à laisser le groupe d’abord à Olivier Leroy puis à Blandine de Rugy. Sa volonté d’avancer est telle qu’elle est volontaire pour tout. « J’ai franchi en première position toutes les étapes, se souvient-elle, premier miroir, premier ADT, etc. Lors de l’ADT, le pôle enfants est bien ressorti. Et, à ma grande surprise,  le côté entrepreneurial, création et développement d’entreprise aussi. »

 

Projet professionnel : directrice d’une école à la pédagogie alternative

Parmi ses trois cibles – directrice d’une école à la pédagogie alternative, psychologue pour enfants, réinsertion par le voyage, elle choisit de faire son projet professionnel avec la première.

Avec le professionnalisme qui est le sien, elle mène une véritable étude de marché. Elle multiplie les démarches réseau et rencontre « plein de gens qui bossent avec des enfants ». Elle fait un remplacement de trois mois dans une école privée sous contrat à Boulogne ce qui lui confirme que c’est dans la pédagogie alternative qu’elle veut évoluer. Elle démarre alors une formation d’éducatrice Montessori qui va durer une année scolaire.

En parallèle, elle explore les communes potentielles d’installation. Sur une couronne qui va de Meudon à Malakoff, il n’existe aucune école Montessori. Elle présente son projet professionnel à tous les adjoints aux maires des communes cibles. « L’accueil a été excellent à chaque fois, sourit-elle, d’autant plus que mon projet correspondait à une attente forte des familles et… qu’élargir leur offre éducative ne leur coûtait pas un euro. »

 

Une école Montessori bilingue

Caroline finit par trouver à Issy-les-Moulineaux un local qui correspond à ses critères et qui répond aux exigences de l’administration. Elle fait travailler un architecte et entreprend des travaux qui durent deux mois et se terminent peu avant la rentrée scolaire 2018-2019. Son espace peut accueillir jusqu’ à 60 enfants.

Elle démarre la rentrée avec neuf petits de 3 à 6 ans. Elle « aime cette tranche d’âge car il s’agit d’accompagner les enfants dans le développement de leur être, plus que de leur enseigner des matières académiques. » Son école est bilingue anglais. A la rentrée de mars, après une semaine en « English Holiday Club », son école compte 15 enfants.

Chef d’une petite entreprise, elle passe au minimum trois heures chaque jour avec les enfants. Elle s’occupe de toute la gestion et du développement. Un cabinet d’expertise comptable l’aide pour les comptes et son équipe pédagogique atteint aujourd’hui trois personnes.

Elle prévoit d’atteindre un équilibre financier en année 3. « Je fais aujourd’hui un métier qui me passionne. Je peux dire que j’ai la pêche et la banane et que je vis en accord avec mes idées », conclut-elle.

Sophie Le Peley : « L’AVARAP m’a permis d’identifier une envie qui sommeillait en moi depuis toujours »

Il a fallu le parcours AVARAP pour que Sophie Le Peley s’investisse dans le secteur des personnes âgées. Un choix qui prend racine dans la relation privilégiée qu’elle a entretenue avec ses grands-parents. L’énergie et l’allant qu’elle y investit lui procurent de grandes satisfactions.

 

A l’aube de la quarantaine, Sophie Le Peley a déjà opéré plusieurs changements d’orientation professionnelle. Le virage qu’elle prend après avoir vécu la séance des post-it lors de son parcours AVARAP est sûrement le plus radical !

Après avoir passé plus de dix ans dans le marketing de la finance, cette Francilienne, qui ne conçoit sa vie professionnelle que dans le mouvement et l’apprentissage, se saisit d’une des propositions les plus en rupture formulées lors de la séance de créativité : se rapprocher du secteur des personnes âgées pour prendre la direction d’une maison de retraite. Et y investit une belle énergie pour la formaliser et la concrétiser.

« J’ai découvert l’association AVARAP par les yeux d’une amie qui avait intégré un peu avant moi un groupe, se souvient-elle. Son enthousiasme était communicatif. Dès le démarrage de mon groupe, j’ai ressenti tout le bénéfice que je pouvais tirer de cette approche collective et de ce travail de fond inscrit dans la durée. »

Son groupe, qui se réunit tous les lundis soirs dans le XVIIe arrondissement, est assez équilibré et il compte une majorité de participants en poste. Les âges sont assez variés et les parcours très différents. Très vite, Sophie décide de mettre fin à son activité professionnelle – elle alors une des collaboratrices de l’entreprise d’immobilier familiale – pour consacrer plus de temps à la définition et à la mise en œuvre de son projet professionnel.

Comme beaucoup, elle vit de façon un peu angoissante la phase du miroir puis elle présente son ADT. Elle a du mal à faire le tri parmi les près de 150 post-it qui lui sont proposés et elle peine à sélectionner ses trois cibles. Celle qu’elle retient dans un premier temps est en continuité avec ses précédentes expériences et elle songe très sérieusement à se lancer dans la communication et les partenariats pour une école de commerce qui aurait un volet international.

Il faut dire que Sophie est une habituée des virages professionnels. Bonne élève, elle suit une formation littéraire et fait des études de langue et de civilisation anglaises. Son premier job est basé à Londres où elle effectue des traductions pour un syndicat professionnel. Son univers évolue entre Londres et Bruxelles.

De retour à Paris, elle complète son cursus par un DESS de commerce international (toujours pour utiliser les langues) et elle intègre une société de fabrication d’explosifs.

Elle travaille ensuite pendant une dizaine d’années dans la finance où elle gère la communication de diverses sociétés de fonds d’investissement, françaises puis anglaises. Sophie, qui passe volontiers d’un secteur d’activité à un autre, retrouvera avec bonheur cette qualité à l’AVARAP où « on nous conduit à croire en nos capacités d’adaptation et où l’on nous apprend à mobiliser nos compétences transverses. »

 

Réfléchir « au coup d’après »

Comme elle ne voit pas de perspective d’évolution possible dans le secteur de la finance, elle joue une fois de plus la carte de l’adaptabilité en rejoignant l’entreprise d’immobilier familiale, une façon de faire une pause, de se donner un temps de réflexion et de commencer à réfléchir « au coup d’après ».

Après son ADT, elle choisit une première cible en lien avec ses précédentes activités marketing : son projet professionnel est d’intégrer l’équipe de direction d’une école de commerce qui disposerait d’une section internationale. Mais cette option demande un travail de réseau important et une connaissance du secteur qui serait longue à acquérir.

Revient alors sur le devant de la scène une autre des pistes suggérées : travailler dans le secteur des personnes âgées et devenir – pourquoi pas – directrice d’une maison de vie ou d’un EPAD. Une cible qu’elle avait tout d’abord hésité à envisager – même si elle résonnait en elle – à cause des profils médicaux majoritairement demandés.

Lors de la participation à un salon pour l’emploi, elle a l’opportunité de s’entretenir avec un représentant de l’Institut Régional du Travail Social (IRTS). Elle découvre que plusieurs formations qualifiées existent dans le secteur des services aux personnes âgées, dont l’une à Paris-Dauphine – manager d’établissements médicaux-sociaux – et l‘autre à Léonard de Vinci (Hauts-de-Seine), les deux d’une durée de dix-huit mois.

Elle effectue des enquêtes métiers et entreprend des entretiens réseau. Elle rencontre divers profils de directeurs d’établissements pour personnes âgées, les uns débordant d’enthousiasme, d’autres désabusés et dépassés par l’ampleur des problèmes à gérer. Nombreux sont ceux qui ont rejoint ces postes après une reconversion. Elle peaufine son dossier, effectue une préparation à l’oral et se présente aux épreuves de recrutement.

Elle est vite séduite par la diversité des missions attachées à la fonction de direction d’établissement : il faut être agile pour traiter aussi bien des problèmes de cuisine que de RH, de soins, des problèmes administratifs, de représentation auprès des élus, etc. Elle vérifie aussi que son empathie pour cette tranche d’âge est réelle.

Elle intègre une formation qui alterne des périodes de formation théorique et des stages pratiques qui permettent de se confronter aux difficultés du métier. Cette maman de deux jeunes enfants avoue avoir vécu cette période à cent à l’heure, puisant son énergie dans l’excitation d’une reconversion professionnelle enthousiasmante.

 

Des pensionnaires de 60 à 109 ans !

Elle effectue son stage de fin d’études chez l’un des trois grands du secteur mais c’est chez un des deux autres : Domus-Vi qu’elle trouvera son premier poste qu’elle voulait situé non loin de son domicile à Levallois-Perret pour ne pas passer trop de temps dans les transports au détriment de sa vie de famille.  « J’ai répondu à mon premier entretien de recrutement par téléphone sur une plage d’Angleterre où je passais des vacances en famille », sourit-elle. Les choses s’enchaînent et la voilà directrice à Asnières-sur-Seine d’un établissement accueillant 106 résidents – la plus âgée a atteint l’âge respectable de 109 ans – et dans lequel travaillent 63 salariés.

Elle est aujourd’hui très heureuse de sa reconversion professionnelle. « C’est un poste qui requiert beaucoup d’énergie, confie-t-elle. Mais quel bonheur de façonner un établissement selon ses propres critères. C’est le directeur qui impulse le projet d’établissement comme un sculpteur donne sa forme à une boule d’argile. Je suis constamment sur la brèche, bien sûr, mais j’effectue un travail qui a du sens. Il me semble que je n’ai jamais travaillé aussi dur de ma vie mais je ne manque pas une occasion d’échanger avec mes résidents. Ce sont grandement eux qui me communiquent l’énergie de continuer. »

Heureusement, elle trouve dans la pratique du yoga le moyen de se poser, de retrouver du calme et de canaliser son énergie. Elle essaie également de pratiquer la méditation mais elle avoue manquer de temps pour vraiment s’y consacrer.

Comment voit-elle l’avenir ? « Le secteur va prendre de plus en plus d’importance dans notre société avec l’allongement de la durée de la vie et l’arrivée dans le grand âge des générations plus nombreuses du baby boom. J’ai envie d’apporter ma pierre à ces réflexions et de participer à la définition des établissements de demain. Mon expérience de manager de terrain sera alors un atout. »

Stéphanie Gourdain : « L’AVARAP m’a rassurée et redonné confiance en moi et en mes capacités »

Sourire lumineux derrière des cheveux noirs, Stéphanie nous donne rendez-vous au pied de l’immeuble où elle travaille sur l’avenue de l’Opéra. Cap sur un bar voisin où, devant une orange pressée, elle se confie.

 

« J’ai entendu parler de l’AVARAP en 2014 en écoutant une émission de radio. Je vivais un retour en France compliqué après une période d’expatriation en Angleterre. J’y avais passé deux ans à faire de la recherche en chimie et je me sentais bien seule de retour à Paris et chez mes parents. »

Stéphanie n’est pourtant pas démunie. Elevée à Rueil-Malmaison, elle est plutôt bonne élève avec un tropisme pour les maths. Elle veut poursuivre des études scientifiques (« dans le secteur de la santé, mais pas médecine », précise-t-elle). Ce sera pharmacie, « pour la pluridisciplinarité de la formation et pour le côté bio et médical ».

Son diplôme de Pharmacien en poche, elle effectue un doctorat à l’université de Reims. Elle se passionne pour la recherche dans les domaines des anticancéreux et des antiviraux, en lien avec la structure de l’ADN. Formée à Paris V, elle apprécie la vie dans une ville moyenne et la gentillesse des gens qu’elle rencontre.

Son séjour en Angleterre lui permet de se perfectionner dans la langue de Shakespeare et de vérifier que le domaine de la recherche lui convient. « Je suis rentrée en France pour me rapprocher de ma famille, se souvient-elle. Je m’apercevais aussi que le métier de chercheur dans le public devenait très contraignant et que l’on passait de plus en plus de temps à obtenir des budgets de recherche. A mon retour, les premiers contacts étaient compliqués. Bref, j’étais perdue et j’avais grand besoin d’aide et de soutien. L’AVARAP m’a permis de me reconstruire avec une méthode rigoureuse. »

 

Assister à une RIM « pour voir »

Après son premier contact téléphonique avec notre association, elle se rend sur le site Internet et décide d’assister à une RIM « pour voir ». « J’ai beaucoup hésité, avoue-t-elle. Je m’étais lancée dans une série de recherches et je ne bénéficiais d’aucune prise en charge car, revenant d’expatriation, je n’étais pas éligible à Pôle Emploi. Je me suis donc retrouvée au RSA et j’étais très pressée de retrouver un poste. »

Elle prend sa décision et elle intègre un groupe qui se réunit les jeudis soirs à Neuilly. « Notre groupe était très féminin, sourit-elle, il comptait seulement trois hommes. Les participants venaient d’horizons très différents et j’étais la plus jeune. Autant dire que j’étais morte de peur à la première séance. J’ai été rassurée par la bienveillance de notre marraine, Véronique Courtade, et j’ai vite repris confiance en participant aux ateliers où j’ai été rassurée sur mes compétences. Le miroir m’a fait beaucoup de bien et j’ai trouvé sympa de se mettre à nu devant le groupe et de se raconter sans fard. »

C’est une période très dense de sa vie pendant laquelle elle se ressource dans la maison familiale du Tréport en respirant l’air marin et en cultivant sa passion de créatrice de bijoux. Elle s’en amuse : « Je ne peux pas passer près d’un bijou qui me plaît sans regarder comment il est fait et tenter de le reproduire en utilisant mes méthodes. Je me rends pour cela dans une boutique atelier dans laquelle je peux passer des heures. »

 

La recherche oui, mais avec une dimension humaine

Le groupe la rassure en lui confirmant que la recherche est une voie qui lui convient bien, surtout si elle intègre une dimension humaine. Stéphanie, qui envisage de postuler en recherche clinique, est ravie de voir que le groupe la confirme dans ce secteur. Parmi les autres propositions qui lui conviendraient, elle hésite un instant pour un travail dans l’assurance qualité dans le secteur de la pharmacie.

Au cours des entretiens réseau, elle approfondit ses connaissances dans le domaine de la recherche clinique et ce qu’elle apprend raffermit son choix (« une liaison étroite avec l’humain »). Elle enchaîne avec bonheur toutes les étapes du parcours AVARAP jusqu’au plan d’action et l’offre de service. « J’étais très motivée pour aboutir, raconte-t-elle. Parallèlement à la fin du parcours mené tambour battant, je recherchais une formation qui me permette de postuler dans ce secteur moins aléatoire que celui de la recherche fondamentale et qui intègre une dimension humaine importante. »

Il lui faut trouver et suivre une formation ? Qu’à cela ne tienne, elle s’inscrit et effectue les six semaines de cours nécessaires entre juillet et août. Dès septembre, la voilà qui intègre la société Unicancer comme attachée de recherche clinique.

 

Une passion des maladies rares

Par contact réseau, elle intègre en mars 2017 la société Premier Research, qui propose ses services pour les études cliniques dans les maladies rares. Il faut dire que ce secteur résonne particulièrement chez Stéphanie. « Depuis mon adolescence, confie-t-elle, je souffre de terribles maux de ventre et il a fallu plus de sept ans pour que l’on diagnostique une endométriose, une maladie gynécologique incomprise qui touche entre 10 et 20 % des femmes et qui est très difficilement diagnostiquée. Cette maladie entraîne des douleurs terribles et j’ai eu de la chance que, lors d’une visite aux urgences, je sois prise en charge et opérée. » Depuis, Stéphanie, qui est aujourd’hui guérie, participe à des actions destinées à faire que cette maladie soit davantage prise en compte. Elle participe en particulier à une marche annuelle l’Endomarch qu’elle ne manquerait pour rien au monde.

Dans cette nouvelle structure à taille humaine, elle est accueillie « à bras ouverts » par une équipe composée essentiellement d’anciens chercheurs comme elle. Elle accompagne des protocoles de recherche clinique sur des maladies rares.

Elle est très sensible à cette dimension humaine de son poste pour lequel elle mobilise sa grande rigueur de scientifique et ses qualités d’organisation. « Je suis très reconnaissante à l’AVARAP, conclut-elle, car le groupe m’a permis de me remettre en selle et de confirmer mes intuitions de départ. Certes, je n’ai pas fait de virage à 180 °. Mais aujourd’hui, je me sens bien dans mon corps et dans mon travail. Et prête à continuer à évoluer en capitalisant sur mes acquis. »

Charlie Fargialla : « Le parcours AVARAP a été l’élément déclencheur d’une vie professionnelle exaltante »

 

 

On dit que le battement d’ailes d’un papillon peut engendrer un typhon à l’autre bout du monde. Cet effet papillon pourrait s’appliquer à Charlie Fargialla : entré dans un groupe AVARAP en 2014, il ne pouvait imaginer qu’un enchaînement de circonstances assez magiques allaient le conduire à réaliser son rêve : devenir comédien professionnel.

 

« Comme beaucoup de participants, j’imagine, raconte Charlie Fargialla, j’ai contacté l’AVARAP sur la recommandation d’une amie. Elle s’était inventé un avenir professionnel radieux après avoir participé à un groupe. Elle m’avait parlé de “recette magique”. De quoi me donner envie de postuler sur le site et de participer à une RIM. »

Charlie a tout juste 30 ans et il vient de clore sa première expérience professionnelle dans une structure qui commercialise des emplacements publicitaires dans les pharmacies. « Je venais de quitter une entreprise dans laquelle j’avais passé cinq ans, continue-t-il, et je ne me sentais pas épanoui dans mon job de commercial tel qu’il était pratiqué dans cette entité. J’ai été séduit par la proposition de participer sans engagement à une réunion d’information. Le message diffusé à cette occasion était clair : sans nous promettre de la sueur et des larmes, on insistait sur la notion d’assiduité, sur la réunion hebdomadaire de trois heures pendant six mois, sur le travail du groupe, sur l’engagement à aider les autres et à recevoir leur aide, autant de principes qui m’ont immédiatement séduit. »

Charlie intègre un groupe nombreux – 15 participants – constitué, à l’exception d’une autre participante, de personnes plus âgées que lui, des cadres aux parcours différents, passés pour certains dans des grands groupes aux fonctions d’ingénieur, de RH… « J’étais fasciné par notre capacité à travailler ensemble, se souvient-il, en respectant des règles de bienveillance et le temps de parole. J’ai découvert le rôle essentiel du time keeper, la participation aux ateliers qui dynamisent les journées, la pression de ne pas arriver en retard aux réunions du lundi soir, les échanges d’égal à égal avec des participants plus âgés. Je me disais que ces principes auraient leur place dans le futur travail que j’allais trouver. »

 

Fasciné par les RP, mais effrayé par le nombre !

L’exercice des RP le fascine : identifier et réfléchir sur ses réalisations professionnelles et personnelles pour en dégager ses compétences prouvées et ses goûts est très structurant même si le nombre de RP à produire lui paraît astronomique. L’étape du miroir aussi – dans laquelle des participants peuvent fondre en larmes – et qui lui permet d’aborder son goût du théâtre et ses ambitions dans la réalisation de films.

« J’ai trouvé la mécanique de l’ADT fantastique, se réjouit-il. Le principe des post-it est très puissant et j’ai pu le mettre ensuite en pratique dans mon activité professionnelle. J’ai pu classer les miens sous trois thèmes : créatif, communiquant et médiateur. A ce stade, le théâtre n’apparaissait qu’en mode mineur. »

Charlie construit son projet professionnel en continuité. Avec un objectif : trouver une agence média Internet où les relations humaines sont différentes et où souffle le vent de fraîcheur auquel il aspire.

Ce sera My Little Paris, qui lui signe une promesse d’embauche à la rentrée qui suit la sublimation de son groupe.

« C’est à ce moment-là que je fais un truc un peu fou, poursuit Charlie. Je m’inscris à une séance gratuite du cours Simon, l’un des plus anciens cours de formation théâtrale. J’y retourne une fois, deux fois et je finis par m’inscrire pour un mois. Je passe l’audition et je suis admis en formation longue. »

Reste à négocier avec son futur employeur les disponibilités indispensables pour pouvoir mener ces deux activités de front. « Je me souviens avoir passé un après-midi complet sur un banc à me demander comment je pouvais concilier les deux, se souvient-il. Je finis par contacter My Little Paris et je leur demande si je pouvais être libre tous les soirs à partir de 19 heures et s’il était envisageable de réduire mon temps de travail pour bénéficier de mon vendredi après-midi. L’entreprise –  qui comprend et essaie de rendre possible ce type de passions –  l’accepte. Et je plonge dans le grand bain. »

 

Ecartelé entre deux mondes inconciliables

Mais ces deux mondes sont situés à des années-lumière. Au cours Simon, Charlie se familiarise avec les mots du métier d’acteur. Dans l’entreprise, il se rend compte que, même s’il a intégré « une boîte incroyable » et des équipes d’une « grande créativité » dans laquelle il compte aujourd’hui encore des amis, les règles du business sont les mêmes et qu’il n’a pas trouvé un travail qui a du sens.

Il faut dire que le choix de se lancer dans une carrière de commercial n’a pas été le choix du cœur. Né et élevé dans l’ouest parisien au Chesnay près de Versailles au sein d’une famille franco libanaise dans laquelle il compte deux frères, Charlie est un élève qui poursuit ses études cahin-caha. « Je n’étais pas fait pour le système scolaire, reconnaît-il. Durant mes années de lycée, pendant mon temps libre, je laisse libre cours à mes penchants artistiques tout en sachant que je ne pourrais pas en vivre : je dessine, je joue de la guitare, je réalise des films avec mon caméscope, j’explore la comédie en amateur. Après avoir décroché mon bac, mon père, cadre chez Crédit agricole Indosuez, propose de me financer une école de commerce. J’intègre ainsi l’IPAG, dans laquelle je découvre les rouages économiques. J’effectue une année d’Erasmus en Espagne à Valladolid et je termine par un stage en production cinéma à Canal +. Qui aurait pu déboucher sur une embauche sans la crise financière de 2008-2009. »

 

Le battement des ailes du papillon

Au cours des six mois qu’il passe chez My Little Paris – au cours desquels il se rend compte que malgré toute son énergie, mener les deux parcours de front n’est pas possible –, se produit pour Charlie un élément essentiel qui va conditionner ses choix futurs. Lors d’une formation à la prise de parole en public, il rencontre Annabelle Roberts, co-fondatrice du cabinet « Present perfect » qui œuvre sur ce créneau. Fasciné par la personne et par la pertinence de cette approche, Charlie lui propose de prendre un café pour qu’elle lui parle de son métier – un entretien réseau en quelque sorte. Une rencontre qui a dû laisser une trace positive car, alors que Charlie quitte My Lilltle Paris, Annabelle Roberts le contacte et lui propose d’effectuer des missions pour le compte de l’agence.

« Je m’inscris aussitôt comme auto-entrepreneur et je me lance à corps perdu dans ce nouveau challenge, sourit-il. Chaque mission est un défi nouveau à relever dont le moindre n’a pas été l’animation de la soirée Mortified France, un spectacle humoristique qui invite les participants à monter sur scène pour lire des extraits de ses poèmes d’adolescent ou de ses journaux intimes. Mais je me souviens aussi avec émotion de ces PDG d’entreprises que je préparais à des prises de parole en public ou à la tenue de conférences de presse. »

 

Le théâtre au quotidien

Parallèlement, le théâtre devient le quotidien de Charlie. Par un concours de circonstances heureux, il est conduit à interpréter le rôle de Jerry dans Trahison d’Harold Pinter, une pièce qui sera jouée quarante fois.

Changement de dimension avec Les crapauds fous, une pièce écrite et mise en scène par Mélody Mourey. « C’est une réalisation inespérée dans une un carrière qui débute, s’émerveille Charlie. D’abord j’ai la chance d’avoir le premier rôle, et c’est un grand rôle, mais surtout, il se passe quelque chose d’unique. Qui n’arrive presque jamais : on a joué cette pièce 300 fois. Le public n’a jamais arrêté de venir. Nous sommes allés la jouer dans plusieurs salles de plus en plus grandes en passant par le Splendid (300 personnes) jusqu’aux 600 personnes du Théâtre de la Renaissance. Nous avons eu 3 nominations aux Molières et nous étions tous présents aux Folies Bergères pour la cérémonie. » Les représentations ont été interrompues pour cause de confinement.

Aujourd’hui, Charlie est bien entré dans son statut de comédien même s’il lui arrive encore d’exercer de temps en temps comme coach. Avec des projets plein la tête et une ambition : se lancer dans le stand-up. Il n’oublie pas ses premières amours derrière son caméscope et il est ouvert à toutes les propositions qui pourraient faire de lui un « 100 % comédien ».

Martine, Juriste d’entreprise

La période de recherche d’emploi peut  être profitable une fois surmonté le choc du licenciement. Cela m’a permis de faire le point sur  mes goûts et mes compétences et me poser les questions essentielles sur  ce que je veux vraiment faire.

Nathalie Goubet, peintre, tout simplement 

Il a fallu toute l’énergie puisée dans un groupe AVARAP pour que Nathalie « s’autorise » à laisser tomber le métier de responsable de domaine qu’elle exerçait dans l’informatique pour consacrer tout son temps à la peinture. Près de vingt ans plus tard, elle fait le point sur sa nouvelle carrière, à l’aube de 2019 qui sera une année charnière.

 

Et si le plus court chemin de l’informatique à la peinture passait par l’AVARAP ? C’est ce qu’on peut penser en suivant le parcours de Nathalie Goubet (Nataly de son nom de peintre). Il a fallu pour cela qu’elle passe outre la volonté de ses parents, opposés à son choix lorsqu’à 15 ans elle leur fait part de son projet de présenter le concours des Beaux-Arts. Un véto absolu…

Alors, quand il s’agit de choisir une orientation après bac, elle s’inscrit en fac de science. Finalement, après avoir échangé avec une cousine attachée de presse chez IBM, ce sera l’informatique, très tendance dans les années 80.

Sur un coup de tête, elle s’inscrit à l’école privée américaine « Contrôle Data Institute » qui propose un équivalent BTS en un an. Elle est à Paris, indépendante. « J’y ai appris à travailler, une pédagogie basée sur l’obligation de se prendre en charge, ça m’allait bien, j’apprends à coder », se souvient-elle.

Elle a 20 ans lorsqu’elle cherche un job de « développeur ». Les offres ne manquent pas, les entretiens, tests, graphologies se succèdent mais rien ne se concrétise : elle est trop jeune. Au cours d’un énième entretien, un recruteur lui déclare : « Dans six mois, vous chercherez encore, vous n’êtes pas faite pour ce métier. » Sa réaction : « Alors, je fais quoi ? Balayeuse à la ville de Paris ? » ; « Non, technico commerciale ».

Nous sommes en 1984. Très rapidement, elle est embauchée chez Amadeus France, fournisseur de solutions informatiques pour l’industrie du tourisme. Elle installe des systèmes d’information en agences de voyage dans la France entière, « c’est sympa, je voyage énormément ».

En 1988, sa meilleure amie, Virginie, qui travaille chez Go International, même métier mais dans l’univers du prêt-à-porter, lui donne envie de changer de secteur. Elle n’hésite pas et la rejoint le 1er mai !

« Le domaine m’intéresse, j’y retrouve les formes et les couleurs, ça me convient », confie-t-elle. Il s’agit d’installer et d’adapter des systèmes de suivi de stocks, de commandes, de fabrication aussi bien pour les fabricants, les négociants, l’import-export ou les différents acteurs du Sentier.

En 1994, elle quitte l’entreprise reprise depuis plusieurs années par CSC.

Elle part retrouver Virginie qui, entre-temps, a rejoint Carole (groupe Vivarte), en pleine refonte de son système d’information. Sous la responsabilité du directeur Informatique, Virginie prend en charge l’aval, les boutiques, et Nathalie l’amont : fabrication, stock, logistique. « C’était bien, une vraie histoire»

En 2001, l’entreprise change de directeur informatique : « Ca s’est mal passé avec le nouveau, regrette-t-elle. Une journée a suffi pour que tout bascule. Je suis nommée responsable d’un nouveau projet informatique de taille le matin, et… mise à pied à la suite d’un différent avec un prestataire externe le soir même. J’éprouve un tel sentiment d’injustice que je choisis d’être licenciée. » Elle est déléguée du personnel mais refuse de profiter de son statut de salariée protégée. « Pour diverses raisons, mais celle-ci entre autre, je n’ai jamais pu reprendre un travail en entreprise par la suite», admet-elle.

 

Une rupture douloureuse

« J’avais une vraie blessure narcissique à soigner : je ne suis même pas Bac+2 ! » Nathalie monte un dossier de validation de ses acquis d’expérience (VAE), s’inscrit en fac de psycho-sociologie et obtient un DESS le 5 octobre 2003, quinze jours avant la naissance de son fils aîné !

Un de ses professeurs lui propose de le rejoindre pour travailler pour des organismes du secteur social, dans l’aide à la personne, tels que la CAF. « Le rythme ne me va pas, c’est trop administratif, bref, ça m’ennuie.  Je décide d’arrêter le social et de retravailler dans le privé, dans une grande entreprise. Je passe des entretiens et des tests d’embauche concluants pour finalement m’entendre dire : ” Vous ne rentrez pas dans les cases”. » Le malaise s’installe, d’autant plus qu’elle a maintenant « deux bouts de choux à charge ». C’est l’APEC qui lui parle de l’AVARAP.

 

La peinture comme une évidence

Elle rejoint un groupe en 2006, elle a 42 ans. Dès le Miroir, le groupe l’incite à franchir le pas et à oublier ses autres projets en entreprise. Il faut préciser que, depuis son arrivée à Paris en 1984, Nathalie n’a jamais cessé de suivre des cours de peinture et de sculpture. Elle a même participé à quelques expositions.

C’est le groupe qui lui permet de s’affranchir du véto parental et de « s’autoriser à exister dans la société en tant qu’Artiste Peintre ».

A chacune de ses nombreuses interrogations, la réponse du groupe est toujours la même : « Tu trouveras, tu te débrouilleras ». De fait, elle fixe son statut en se déclarant à la Maison des Artistes. En 2008, elle achète un premier atelier en dehors de chez elle, à Vanves. Son mari la soutient et la pousse à « sortir de son antre ». Elle est acceptée dans des salons prestigieux : MAC 2000, Réalités Nouvelles, Comparaisons au Grand Palais, Salon de Mai. Une galerie la référence depuis dix ans : Olivia Ganancia, rue Dauphine et lui ouvre un marché international. Elle est aussi présente à Royan, à Calvi, en Belgique et à Vienne en Autriche…

Aujourd’hui, elle est loin de gagner de quoi assumer son loyer et subvenir aux besoins de ses enfants. « Je fais ce que j’aime. ce qui est le plus important à mes yeux. Ce qui fut dur à assumer, ce n’était pas la faiblesse de ma rémunération mais les petites phrases du style : toi, t’es cool, tu fais ce que tu veux. Alors que l’on a toujours l’impression de repasser un concours à chaque expo, et de passer par des affres : ne rien vendre pendant six mois, ça interroge. Aujourd’hui, je revendique pleinement mon métier. Avec souvent une petite pensée pour Bourdieu qui disait : qu’est ce que j’ai fait de ce que l’on a fait de moi ? »

2019 est pour Nathalie une année charnière : elle vient d’inaugurer un nouvel atelier à Bagneux, sa galeriste ferme boutique. Son mari positive : «  Il faut le prendre comme une nouvelle liberté. »

C’est ce que nous lui souhaitons, confiants dans sa capacité à rebondir.

Béatrice Dela Mairey : être en permanence acteur de son changement 

Quand elle croise la route de l’Avarap, Béatrice ne sait plus quel métier elle veut faire. Plusieurs expériences décevantes la font douter d’elle-même et de ses rapports avec les entreprises. La participation à son groupe lui permet de s’inventer une nouvelle voie. Elle témoigne ici d’une success-story qu’elle doit à sa ténacité et au respect de ses valeurs !

 

Comment mieux présenter Béatrice qu’en reprenant les termes de son miroir : « Je suis née en Pologne à Gdansk, le symbole de la chute du communisme, avec ses chantiers navals. Je suis donc le témoin d’une époque rare où la volonté humaine pouvait faire changer des choses. Cet enivrement m’a apporté des valeurs qui me régissent fondamentalement : la justice sociale, l’égalité des individus, la laïcité, la force d’un groupe, la recherche de solutions en dehors des sentiers battus mais aussi qui me desservent parfois : la désobéissance civile donc professionnelle, l’aptitude à sortir des cadres. En 1990, à 18 ans, l’année du baccalauréat, je change radicalement d’orientation en rencontrant l’homme de ma vie ! »

Il veut quitter la Pologne, elle décide de le suivre, direction Londres. Ils arrivent à Paris, pour y passer trois semaines, ils y découvrent une jeunesse pleine d’espoirs et de projets. Ils y apprécient ce mélange de savoir-vivre, de culture et de professionnalisme. Ils ont trouvé leur place et ils sont toujours là.

 

Une intégration réussie

Béatrice ne parle pas le français, elle l’apprend sur le tas en s’appuyant sur l’anglais qu’elle maîtrise. En 1993, serveuse, elle travaille beaucoup et, un an plus tard, elle devient gérante salariée. En s’initiant à l’analyse financière avec l’expert-comptable, elle comprend que le restaurant est en faillite inéluctable, c’est le chômage. Elle décide de suivre des cours de gestion à l’université en candidat libre. Elle apprend à lire et écrire le français. Un professeur l’oriente vers un IUT où des formations accélérées sont financées par la région pour les demandeurs d’emploi.

En novembre 1996, elle obtient son premier diplôme, un DUT de comptabilité gestion. Pour elle, « la clef de ce succès, c’est le mélange de volontarisme et de bienveillance de son environnement. » Elle obtient un travail de comptable dans un organisme de formation à Paris. Ce travail la passionne et, deux ans plus tard, elle est responsable administratif et financier.

1999 est une année de changements avec la naissance de son premier fils Maximilien. Et un départ pour Lyon où son mari a décidé de travailler. Elle profite de sa période de chômage pour reprendre des études et obtient une maîtrise de gestion. La parenthèse provinciale n’est pas concluante et la famille revient à Paris.                                                                                                                                                       En 2001, son ancien employeur lui propose un poste de DAF. L’organisme de formation est criblé de dettes, mais son PDG est prêt à investir encore pour réussir : « Je dresse un bilan et je mets en place un plan de redressement. En deux ans, je parviens à tripler le chiffre d’affaires et à restaurer le résultat, mais les dettes sont colossales. C’est alors que le fils du PDG prend la place du directeur général. Nous n’avons pas la même vision des choses. Je décide de chercher du travail. »

 

La confirmation de son goût pour les défis

Fin de cette aventure qui aura conforté Béatrice dans son goût pour l’accompagnement du changement où l’humain est la clef de voûte. Elle lui a aura aussi confirmé l’importance d’une analyse basée sur les réalités financières de l’entreprise et, aussi, son goût pour les défis.

En 2004, elle rejoint Forco, OPCA. Elle est responsable du service de gestion de 35 personnes. Une importante réforme est à mettre en œuvre, accompagnée de l’implantation d’un Système d’Information décidé par le donneur d’ordre : « Avec mon directeur et les équipes, nous arrivons à faire des miracles. Il est normal pour moi de travailler les soirs et les week-ends ».

Fin 2006, le donneur d’ordre annonce la fusion de sa société avec un autre sous-traitant. Une fois de plus, Béatrice prend les devants : « Les postes sont en doublon, je perds au change dans mon autonomie et mes missions. Je décide de demander un CIF d’un an pour préparer un Master 2 en Informatique de gestion à Dauphine. J’utilise mon stage comme un avant contrat chez Accenture. »                                                                                                                                        En septembre 2008, dans le contexte de crise, elle décide de ne pas prendre de risque et retourne chez Forco : « J’atterris dans un placard. Je transfère mon intérêt sur mon environnement personnel. , mais les défis me manquent. »   Fin 2009, son moral remonte : une de ses missions aboutit à une série d’actions correctives qui, mises bout à bout, nécessitent l’adaptation du système d’information. Le nouveau directeur lui confie le projet de changement du SI. Le projet est cadré et prêt à être lancé quand le CA décide de le suspendre dans l’attente d’une nouvelle fusion. Dans ce contexte, la nouvelle intégration annoncée étant une perte d’autonomie assurée, en 2012, Béatrice négocie son départ.

 

Le temps de la réflexion s’impose, ce sera l’Avarap

« Je dois partir et je ne sais plus quel métier je veux faire. Le management me manque, le secteur de formation ne me convient plus, et mon expérience de chef de projet n’est pas démontrée. » Béatrice veut comprendre ce qui lui arrive, pourquoi elle doit changer tous les quatre ans ? Si c’est normal d’avoir la sensation de subir ? Est-elle trop utopiste ?

Alex lui parle d’une association pour laquelle il réalise des études de satisfaction. Elle veut redevenir acteur de son changement, c’est au fond la promesse de l’Avarap. Elle plonge en octobre 2011. « Un groupe capable de déplacer des montagnes et une méthode basée sur les solutions, avec le plaisir d’apporter aux autres », confie-t-elle.

Le groupe lui apporte la confirmation qu’elle est faite pour le métier qu’elle définit ainsi : l’accompagnement du changement des personnes lors de réorganisation d’entreprises, basée sur l’utilisation de l’outil informatique pour l’optimisation de la chaîne financière. Parallèlement, elle comprend que ce qui ne va pas, c’est l’environnement dans lequel elle a évolué. Elle recherche des structures associatives, ou tout au moins des entreprises dont les objectifs de performance ne sont pas prioritairement financiers mais centrés sur le cœur de métier au bénéfice à la fois des clients et des salariés.

 

La ténacité paie

Elle comprend également qu’il est fondamental d’être en situation d’offre et non de demande. Elle l’expérimente sa cible en répondant à une annonce pour une « Etablissement d’art lyrique et chorégraphique », en d’autres termes, l’Opéra national de Paris. La chaîne financière y est gérée par un logiciel de type Minitel, 25 ans d’âge et doit être totalement remise à plat. Elle n’est pas la candidate retenue par le chasseur de tête, mais elle s’est souvenue de l’atelier de Christian Lanis, « Rencontrer un chasseur de tête » qui lui avait donné les armes nécessaires pour convaincre son interlocuteur. Au final, elle est recrutée fin 2012 comme Chef de projet informatique.

Elle est intarissable sur l’Opéra de Paris, il faut dire que l’univers est fabuleux : 4 établissements (Ecole de danse, Palais Garnier, Opéra Bastille, Ateliers Berthier), 1 600 CDI, 20 000 CDD, 200 millions d’euros de budget, 340 représentations par an, 74 métiers (avec une convention collective dédiée !), tout est fait maison y compris les décors et les costumes.

L’Opéra, ce sont aussi des missions d’éducation dans le lyrique et la danse, et des programmes pédagogiques à destination des enfants et des quartiers défavorisés…

Sa mission : mettre en place pour 2015 le nouveau logiciel de la chaîne financière de l’Opéra. Or, fin 2012, c’est aussi la définition de nouvelles normes comptables pour les établissements publics applicables début 2016 !

Son premier défi est donc de convaincre l’Opéra de reporter la mise en place à 2016 mais avec des règles de gestion à concevoir. Le projet demande beaucoup d’énergie, le choix est fait de recourir à un ERP qui permet de traiter à la fois des problématiques comptables et informatiser d’autres processus ; achats, ventes, droits d’auteurs… Il est mis en production effective en 2016 avec l’application de la nouvelle réglementation. Opéra est l’un de premiers EPN à s’équiper d’un outil informatique adapté à la GBCP.

Courant 2016, son rôle consiste à accompagner le personnel, stabiliser les procédures et les règles de gestion. Ce rôle de chef de mission est par définition temporaire et ne doit pas durer plus de six mois. Dans sa logique « d’offre de service », Béatrice sait qu’une optimisation des processus dans une structure est toujours possible. Elle se met à rédiger des RP et un projet professionnel pour démontrer à la Direction la nécessité de créer un service dédié au pilotage du SI financiers et…. pour lui en donner la responsabilité.

Au bout d’un an de négociation, en juillet 2017, elle concrétise la création du service SI FiCo (Système d’information finance comptabilité) dont elle est aujourd’hui la responsable.

Dans le contexte de pression sur les coûts que l’on connaît et la volonté de fiabilisation de dépenses publiques il lui reste encore beaucoup de défis à relever.

Nous savons que Béatrice ne cessera jamais d’œuvrer à l’amélioration de son environnement et nous lui souhaitons tout le succès qu’elle mérite.