Mathilde Bonnard intègre un groupe AVARAP en septembre 2017. Elle sort d’un poste complexe qui s’est terminé par une rupture conventionnelle. Ses objectifs : reprendre confiance en elle et se rebâtir avec l’aide d’un groupe aidant et bienveillant. Les bénéfices qu’elle en retire dépassent ses espérances et, aujourd’hui, après trois autres expériences – dont un séjour de trois ans en Colombie – elle vient de prendre en main un poste qui la passionne capitalisant toujours sur le travail qu’elle a réalisé dans le groupe AVARAP.

 

Quand Mathilde Bonnard participe rue Jouffroy d’Abbans à la première réunion de son groupe AVARAP, son ressenti est mitigé. « Si j’ai été rassurée par l’accueil chaleureux de notre parrain et par la présentation de la méthode de travail du groupe, se souvient-elle, j’ai été très surprise de la diversité des parcours des douze participants. J’avais des doutes sur les possibilités d‘entraide de ces personnes aux vies professionnelles déjà très riches et variées mais qui exerçaient dans des secteurs tous différents du mien. Puis je me suis dit que c’était cette diversité qui allait faire toute la richesse de nos échanges. »

Comme beaucoup de candidats, Mathilde arrive à l’AVARAP sur la recommandation d’une amie, elle-même participante à un groupe. « J’étais en pleine réflexion, confie-t-elle, après avoir négocié une rupture conventionnelle qui avait mis fin à une période douloureuse de deux ans chez Jardinot. C’était ma première expérience comme directrice générale et j’avais été soumise un très gros stress à cause d’enjeux RH et financiers. A 38 ans, j’envisageais d’effectuer un bilan de compétences. La méthode AVARAP m’a paru plus complète et porteuse de sens et la durée même du parcours me laissait présager un travail de fond beaucoup plus efficace. »

 

Deux points forts : le miroir et les Réalisations probantes

Mathilde se sent tout de suite très en accord avec la méthode de travail proposée. Elle est parmi les premières à franchir toutes les étapes. Elle élabore très sérieusement ses RP et ce travail lui sert encore aujourd’hui. Elle adore la séquence du miroir. La vie de ce groupe ne sera pourtant pas un long fleuve tranquille avec la disparition dramatique d’un de ses membres, la défection d’une personnalité complexe et le parcours très chahuté d’un des participants. Malgré tous ces obstacles, surmontés grâce à l’intelligence collective, le groupe fonctionne à merveille.

Sans surprise, la cible qu’elle retient la conduit à construire un projet professionnel de directrice générale d’une ESAT (établissement de service d’aide par le travail) car elle veut exercer ses compétences d’agronome dans une entreprise à utilité sociale forte.

Elle est cooptée comme animatrice. « Ce vote sans candidat, s’amuse-t-elle, est un grand moment. Si j’ai eu des doutes quant à ma capacité de mener de front mes responsabilités d’organisation et mon propre projet, j’ai trouvé la formation d’animateurs très aidante. Les réunions d’échanges de pratique (RMP) auxquelles j’ai assisté ont été des moments de partage très utiles avec des gens qui vivaient la même chose que moi. J’ai tenu ce rôle d’animatrice près de deux mois. Mais j’ai été frustrée quand il a fallu se résoudre à programmer la sublimation sans que tous les participants arrivent au bout de la méthode. »

 

Une dynamique positive pour les entretiens de recrutement

Capitalisant sur le travail effectué dans le groupe et convaincue de ses capacités par les retours du groupe, Mathilde trouve un poste avant la fin de son parcours AVARAP. Elle intègre Territoire Zéro Chômeur, une structure de lutte contre le chômage de longue durée qui crée des activités économiques dans une dynamique de quartier. « C’était une erreur de casting, regrette-t-elle, et j’ai pris la décision de mettre fin à ma période d’essai sans état d’âme. D’autant plus que j’ai trouvé tout de suite après le job de mes rêves en rejoignant le réseau Môm’artre, une association d’éducation artistique et culturelle pour tous, pour laquelle j’ai eu le coup de cœur. C’est à ce moment-là que j’ai mesuré tout l’apport de mon travail à l’AVARAP. J’avais mes RP bien en bouche et j’ai survolé les entretiens. »

Mathilde se lance à fond dans son poste de directrice de la région Ile-de-France. Elle ne manque pas d’éloges quand elle repense à cette expérience. « Je n’ai pas connu la solitude du dirigeant, se réjouit-elle. Membre du Codir, je supervisais les équipes, recherchais des financements, pilotais des projets… Nous travaillions en transversal et en partage de décisions. L’équipe était compétente et motivée, le projet avait du sens et l’activité s’exerçait dans les quartiers populaires. Ce furent trois ans géniaux. »

 

Un projet familial d’expatriation

c’est alors qu’aboutit un projet poursuivi depuis longtemps par toute la famille – Mathilde a trois enfants dont la plus petite a alors un an et demi – : partir en expatriation. Destination Bogota en Colombie où ils arrivent tous les cinq en avril 2021 après la déflagration qu’a constituée l’épidémie due au Covid 19. « La tristesse de quitter un poste motivant, se souvient-elle, a été compensée par la joie de voir se concrétiser un projet familial. Notre arrivée n’a pourtant pas été facile car la crise sanitaire avait frappé très fort dans ce pays d’Amérique latine. Il a fallu en passer par un nouveau confinement qui a ajouté aux contraintes d’installation, les enfants ont dû suivre l’école à la maison ce qui n’a pas facilité leur intégration. Heureusement, dès la rentrée scolaire suivante, chacun a trouvé sa place et, cerise sur le gâteau, j’ai intégré début décembre une ONG française, Envol Vert, qui lutte contre la déforestation en particulier en Amérique du Sud et je suis devenue la responsable de ce pays. »

Pour la famille tout entière, ce sont alors trois années très riches ponctuées par des voyages et rythmées par des retours réguliers en France. Malgré leur désir de prolonger cette période de bonheur – la demande du conjoint de Mathilde de poursuivre cette activité un an de plus a été refusée – il a fallu se résoudre à rentrer, d’autres possibilités d’expatriation étant trop difficiles à envisager pour des raisons de langue et de pays.

 

Un retour dans le XVIIe arrondissement

En août dernier, la famille revient sur des terres quittées trois ans plus tôt. Lyonnaise ayant effectué sa prépa bio et ses études d’agro à Paris, et y ayant rencontré son conjoint, Mathilde se sent aujourd’hui avant tout parisienne. Les enfants retrouvent le même quartier et le chemin de l’école, l’aîné s’inscrit au collège en section internationale. Quant à elle, elle veut retravailler le plus vite possible. Mais que faire après une expatriation ? Avec la dépression qui suit cette dissolution ratée ? Sans céder au découragement, Mathilde met en place une démarche réseau très active, commençant par son premier cercle et enchaînant les rendez-vous. « J’ai vu la terre entière », s’amuse-t-elle. Elle décroche un remplacement pour congé maternité à la Fondation de France, ce qui lui permet de revenir dans son écosystème. Elle y accompagne des fondations abritées par la fondation dans leurs projets de financement.

A la fin de ce remplacement, elle rejoint la Fondation Carasso – elle avait vu son futur N+1 en entretien réseau quelques mois auparavant – dans laquelle elle travaille depuis juillet. Cette fondation, voulue par la fille de Daniel et Nina Carasso, les créateurs de la marque Danone qu’ils ont développée partout dans le monde, veut promouvoir l’alimentation durable, ce qui résonne dans le cœur de Mathilde, ingénieur agronome. « Cette structure ayant son miroir en Espagne, je ne risque pas de perdre l’usage de l’espagnol », se réjouit-elle.