Portrat Jocelyne Coustau, présidente AVARAP Provence

Jocelyne Coustau est la nouvelle présidente du conseil d’administration de l’AVARAP Provence. Un engagement qui sonne comme une évidence pour cette marraine qui siégeait au conseil depuis plusieurs années. Elle prend la suite de Valérie Charran qui a accepté de l’accompagner comme vice-présidente dans ses nouvelles responsabilités. L’équipe de l’AVARAP Provence est renouvelée et elle est en ordre de marche pour remplir sa mission auprès de tous ceux qui ont besoin de se réinventer un avenir professionnel.

 

La nouvelle présidente de l’AVARAP Provence a fixé le cadre de son action : renforcer le socle de l’association et la développer.  « Les défis à relever par l’AVARAP Provence sont de trois ordres, résume-t-elle : développer la notoriété de notre association pour recruter des participants mais aussi des parrains/marraines, ce qui passe par une communication plus affirmée ; animer les parrains/marraines qui sont la force vive de l’association et en former de nouveaux ; savoir reconnaitre l’engagement des bénévoles si l’on veut pouvoir le maintenir à plus long terme. »

 

Jocelyne Coustau sait de quoi elle parle : elle participe aux travaux du conseil d’administration depuis 2019. Cette marraine, qui a accompagné trois groupes – dont le dernier dans des conditions particulières car elle a dû se réinventer en cours de parcours avec l’arrivée du confinement en mars 2020 –, a été en charge de plusieurs dossiers dont les réunions mensuelles d’échanges de pratiques, « une autre source de formation, très profitable ! », se réjouit-elle.

 

Une association dans laquelle elle est entrée par hasard. « Je venais juste de déménager, sourit-elle. J’ai organisé un apéritif de bienvenue auquel j’ai convié un voisin qui m’avait donné de précieux conseils d’installation, Antoine Pons. L’horizon retraite se profilait et j’ai confié à Antoine combien je redoutais cette étape après une vie professionnelle dans laquelle j’étais très investie. Antoine Pons, qui a pris neuf groupes et qui est maintenant formateur de parrains/marraines, m’a parlé de l’AVAPAP avec un tel enthousiasme que je me suis formée comme marraine. Je me félicite d’avoir déménagé ! »

 

Un escalier à grimper marche par marche

Cet engagement dans notre association a été alors une bouffée d’oxygène car Jocelyne « appréhendai[t] le passage d’une vie professionnelle intense à une étape subie et imaginée comme une mise au ban de la société et la crainte de ne plus servir à rien ». Sa perception de la fin de sa vie professionnelle lui a donné un sentiment de proximité avec certains des participants aux groupes qui, une fois au chômage, pouvaient ressentir la même chose.

 

La formation de parrains/marraines lui permet d’appréhender une méthode rigoureuse et qui donne un cadre. « Le parrain et le groupe s’appuient sur une méthode à la logique évidente : on progresse d’une étape à l’autre comme on grimpe un escalier marche après marche, en s’accrochant à une rampe solide, souligne-t-elle. Ce qui m’a impressionnée, car ne je l’avais pas imaginée aussi puissante, c’est la force du groupe et du collectif. »

 

Elle prend son premier groupe en septembre 2017, récidive en janvier 2019 et se lance de nouveau dans l’aventure en janvier 2020. « Nous avons démarré en présentiel, se souvient-elle, quand, en mars, le confinement a été imposé. Il a fallu basculer sans tarder sur du distanciel avec Zoom. Seul l’un des participants n’a pas suivi – le paradoxe est qu’il travaillait dans l’audiovisuel ! Les autres ont tous clos leur parcours et le groupe a sublimé sur un bateau loué pour la circonstance. »

 

Enseigner le français langue étrangère

Cette adaptabilité, Jocelyne la puise sûrement en partie dans son plus jeune âge lorsqu’il lui a fallu –  elle est née en Tunisie – quitter l’Afrique du Nord où sa famille était installée depuis plusieurs générations pour se retrouver à Marseille à l’âge de dix ans en 1961. Elle y poursuit des études sans problème. Bonne élève, elle décroche un bac littéraire et s’inscrit en Fac de droit à Aix-en-Provence.

 

« Après le Deug, reconnaît-elle, j’étais davantage intéressée par une vie étudiante hors les murs de la Fac que par les études. Mon père m’a poussée à passer des concours et je suis devenue professeur de français langue étrangère. »

Elle garde de cette première période professionnelle un souvenir très vif. « J’enseignais à des nationalités très différentes, se souvient-elle : Grecs, Comoriens, Espagnols, Vietnamiens  – on est proche de l’épisode douloureux des boat people. Mes élèves pouvaient avoir de 6 à 13 ans et suivre des cursus allant de la primaire au collège. Leur seule façon de jouer et de communiquer entre eux était d’adopter le français ! » Elle complète cette activité par des cours du soir aux adultes dans le cadre de l’Alliance française.

 

De Marseille à Saint-Domingue

Alors qu’elle a décidé de vivre une expérience à l’étranger, elle prend une disponibilité de six mois pour remplacer un ami qui dirige une école de l’Alliance française à Saint-Domingue. Une période exaltante mais très difficile. « Je n’aurais jamais pu tenir sans le soutien de mon compagnon et de mon fils », confie-t-elle.

Sa vie va être profondément bouleversée et son univers s’effondrer quand elle perd brutalement son fils unique en 1993, « un séisme qui m’a propulsée hors des normes de la société ». Elle vit deux années en retrait, alternant séjours dans un monastère et travail en bibliothèque, « les seuls lieux qui pouvaient me procurer la paix du cœur ».

En 1995, elle entend parler d’un poste de directrice adjointe à la MGEN de Marseille. Elle postule et, après une formation intense et une période d’essai d’un an, elle se retrouve dans cette mutuelle santé à codiriger une entreprise de 170 salariés.

Elle y vit des années passionnantes. Elle prend vite la direction de l’antenne de Marseille, un poste qu’elle occupera pendant vingt-deux ans, entre en parallèle au conseil d’administration national, conduit des réorganisations et remplit des missions très différentes avec « toujours une valise à la main », s’amuse-t-elle, ne s’accordant des pauses que pour pratiquer quelques activités sportives, « mon assurance dépendance ».

Elle ne se pose plus aujourd’hui la question de la vacuité de la vie de retraitée. L’AVARAP Provence lui donne l’occasion de mettre ses compétences au service d’une cause à laquelle elle est très attachée. Un don de soi dont elle tire de grandes satisfactions, aimant citer cette phrase qui résonne avec son engagement dans notre association : « On n’est bien assis que sur un coussin que l’on a donné ».