Jean-Marc Marty-Cerciat : « L’AVARAP m’a inoculé la passion du reclassement professionnel »
La cinquantaine épanouie, Jean-Marc Marty-Cerciat a l’assurance tranquille des gens qui sont à leur vraie place. Et il sait la partager : le regard direct, la parole assurée, tout dans ce sportif accompli – lors de notre entretien il se prépare à partir pour une randonnée vélo en autonomie – rassure. Aujourd’hui, il met cette assurance au service de ceux qu’il accompagne dans leur transition professionnelle. Que ce soit dans le cadre des groupes AVARAP qu’il conduit, dans son exercice professionnel à l’Education nationale – « J’ai récemment accompagné plus de 200 enseignants dans la recherche de leur nouvelle fonction », se réjouit-il – ou dans son activité de coach indépendant. Il consacre une partie de son trop rare temps libre à l’AVARAP en co-animant comme bénévole les Réunions d’information mensuelle. En attendant d’autres engagements qu’il n’exclut pas… si son activité multiforme le permet.
La passion de Jean-Marc Marty-Cerciat pour les ressources humaines et pour l’accompagnement au reclassement professionnel est le fruit d’un long parcours personnel dans lequel l’AVARAP apparaît à deux reprises. « J’ai d’abord connu l’association comme participant à un groupe avant de me former comme parrain et de conduire moi-même des groupes AVARAP », déclare t-il en souriant. Un sourire qui met en confiance. Sa voix grave, sa parole posée et son regard bienveillant incitent ceux qui l’ont perdue à retrouver de la sérénité.
C’est un consultant qui accompagnait la réorganisation de l’université de Nanterre qui lui a pour la première fois parlé de l’AVARAP. « Christophe s’interrogeait sur l’adéquation de son métier de consultant en système d’information avec ses valeurs et ses aspirations. Sa participation à un groupe l’a conduit à complètement changer d’orientation professionnelle, se souvient-il. Après une formation au CNAM, il exerce aujourd’hui comme thérapeute à Marseille. C’est cet exemple que j’avais en tête quand, plusieurs années plus tard, j’ai décidé de me tourner vers l’AVARAP. »
Dès la première séance de son groupe, conduit par Marie-Laure Bossert avec laquelle il co-anime aujourd’hui les RIM…, Jean-Marc est convaincu d’être à sa place dans ce groupe hétérogène de douze personnes dont quatre font depuis partie de ses plus proches amis. Il est persuadé que le parcours qu’il commence va répondre à ses attentes. La méthode lui convient et il s’y sent parfaitement à l’aise. Paradoxalement, à cause de soucis personnels, la route qu’il suit à la fin du parcours du groupe n’est pas en ligne avec la réflexion qu’il a menée.
Le droit car « le droit mène à tout »
Il faut dire que des changements de vie et d’orientation professionnelle, Jean-Marc en a connu beaucoup. Né et élevé en Guyane, où il a effectué toute sa scolarité, il a envie, en 1988 à l’âge de 18 ans, de parcourir le monde. Il est en particulier fasciné par le Brésil où il a effectué un voyage scolaire deux ans plus tôt. Le bac en poche, il décide d’abord de se rendre en métropole et il atterrit à Bordeaux où son parcours de bon élève lui a ouvert les portes de l’université. Il choisit de s’inscrire à un cursus de droit – « car le droit mène à tout… ». En 1994, il obtient un DEA de droit privé. Il est tenté par la fonction de juriste en entreprise mais aussi par le barreau et la magistrature.
Ce ne sera rien de tout cela et, son service militaire effectué – « C’était socialement très intéressant et j’y ai fait de belles rencontres » –, il présente le concours des IRA (Instituts régionaux d’administration). Il effectue sa formation à Lille et intègre l’Education nationale en tant qu’attaché d’administration.
Un parcours AVARAP comme participant
« J’ai été nommé gestionnaire d’un collège dans l’Aisne, à Braine, confie t-il. Je me suis lancé à fond dans ce métier pour lequel j’avais été bien formé et j’ai rapidement été appelé à d’autres fonctions. » Dix ans plus tard, alors qu’il est sous-directeur adjoint au ministère de l’Education nationale en charge de la carrière des 150 000 agents administratifs, il est en proie au doute car son poste ne le satisfait pas. Il décide de se présenter au concours du barreau de Versailles, qu’il réussit mais il ne se lance pas dans cette voie pour des raisons familiales (il a alors trois jeunes enfants). Il rappelle son ami Christophe et il se tourne vers l’AVARAP.
Sept mois à l’Ecole de la magistrature
Il suit un parcours qui le conduit à explorer trois cibles professionnelles : une cible RH, une activité libérale comme avocat et enfin la création d’un tiers-lieu consacré au bien-être. Paradoxalement, il décide de ne poursuivre aucune de ces voies et, à la fin du parcours du groupe, il présente en 2017 le concours de l’Ecole de la magistrature. Il intègre cette institution et il suit, à Bordeaux, la formation de magistrat qui dure sept mois. Il commence sa carrière de juge par un stage au tribunal d’instance de Soissons. Il se rend rapidement compte qu’il fait fausse route et qu’il n’est pas fait pour ce métier-là. « Dès la première minute au tribunal, j’ai su que je n’étais pas à ma place… Cet échec a eu des côtés positifs, sourit-il. Cela m’a permis de préciser mes priorités et de savoir ce que je ne voulais plus faire ».
Il réintègre alors son corps d’origine, l’Education nationale, où il décide de se trouver un poste conforme à ses aspirations. Il est nommé au rectorat de Versailles et il rejoint Saint-Quentin en Yvelines comme responsable RH en charge de la mobilité et du reclassement des professeurs des écoles du premier degré. Parallèlement, il se rapproche de l’AVARAP et il postule à une formation de parrains qui se met en place début 2020. La session se terminera en mars au moment du premier confinement… Il prend son premier groupe à distance en septembre 2020 – « Une expérience passionnante ».
De l’accompagnement au coaching
A cours de cette formation de Parrains, il rencontre plusieurs coach qui le persuadent qu’une formation au coaching serait bénéfique dans l’accomplissement de ses missions. Jean-Marc se laisse tenter et il suit, en cours d’emploi, une formation universitaire à Paris VIII (un DESU de coaching) pour acquérir les nouvelles compétences qui lui permettront de monter en puissance dans son poste.
La formation, très complète et multiforme, dure quatorze mois et se termine par un mémoire qu’il consacre à la place du récit dans le coaching. Il est en effet persuadé que les personnes qu’il accompagne « doivent travailler avec leur histoire à eux et qu’il est positif de restaurer la dignité des personnes abîmées par la vie grâce à leur histoire ».
Fort de cette nouvelle formation, il propose à l’Education nationale de créer quelque chose qui n’existe pas : un accompagnement des enseignants en transition professionnelle en utilisant le coaching collectif et le coaching individuel. Une approche qui a montré sa pertinence et qu’il souhaite aujourd’hui voir pérennisée et développée à plus grande échelle.
Il crée également son activité indépendante* et il articule son temps autour de trois axes : ses fonctions de coach interne, le management de son service de recrutement des contractuels et son activité indépendante qui prend appui sur cette magnifique phrase de Sénèque : « Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles. » Une maxime que Jean-Marc s’est appliquée durant toute sa vie…
*son site Internet envie.coach