Portrait Herve Bommelaer, Enjeux Dirigeants, membre du conseil d'administration de l'AVARAP

Au printemps dernier, Hervé Bommelaer a rejoint le conseil d’administration de l’AVARAP. Une association pour laquelle il a « beaucoup d’estime » et dont il admire « le formidable boulot ». Ce n’est pas la première fois qu’il répond positivement à nos sollicitations. Il a ainsi animé en pleine épidémie de Covid un Webinaire sur le thème de la démarche réseau. Son ouvrage « Trouvez le bon job grâce au(x) réseau(x)», publié en 2005 et enrichi tous les deux ans – il en est à sa 7e édition – vient de passer le cap des 40 000 exemplaires !

 

Tous ceux qui suivent Hervé Bommelaer sur LinkedIn sont témoins d’une présence quasi quotidienne sur le numéro 1 des réseaux sociaux professionnels. Quand il ne relaie pas des post toujours pertinents, il publie des textes qu’il a lui même écrits.

Qu’est-ce qui fait que cet associé d’un cabinet d’outplacement spécialisé dans les cadres dirigeants déploie une telle activité? «  Linkedin est un outil merveilleux, s’enthousiasme-t-il. Même si je suis très critique sur certains aspects, en particulier sur le fait de changer les règles du jeu sans prévenir, c’est un outil professionnel majeur. »

Hervé partage des informations sur la ligne éditoriale qui est la sienne : la recherche d’emploi, le réseauting, le management et la gestion de carrière. « J’adore écrire moi-même des articles, confie-t-il. Cela m’oblige à faire des recherches et à formuler précisément des concepts. »

Ecrire fait partie du quotidien d’Hervé comme le montre sa bibliographie qui ne compte pas moins de 8 titres sur des sujets liés au réseau et à des problématiques de recherche d’emploi ou de gestion de carrière. « J’ai eu l’idée décrire mon premier livre en 2004 un an après avoir effectué mon repositionnement professionnel dans le secteur de l’outplacement, se souvient-il. J’avais intégré le cabinet BPI en 2003, grâce à des contacts réseau. Je trouvais fantastique d’obtenir que des gens qui ne me connaissaient pas me consacrent du temps, m’aident à préciser mon projet, semblent y prendre plaisir et y trouver un intérêt personnel. J’ai cherché quels étaient les ouvrages qui traitaient de ce sujet. Je n’ai trouvé qu’un petit livre des éditions Rebondir et un ouvrage qui était épuisé. Je me suis lancé. »

 

Une boulimie d’écriture

Une fois le livre écrit, il a fallu trouver un éditeur, déniché, encore une fois, grâce au réseau : « Un de mes contacts connaissait Serge Eyrolles. J’ai ainsi pu le rencontrer. Une demi-heure après j’avais signé un contrat. » Remanié tous les deux ans au rythme des retirages, l’ouvrage a, au fil du temps, été « expurgé de ses digressions et recentré sur le côté utile ».

Mais l’ouvrage dont Hervé est le plus fier est celui qu’il a consacré à son père et qui lui a demandé cinq ans d’enquêtes et de recherches. « Mon père était un personnage complexe qui a toujours conservé une part d’ombre, raconte-t-il. Il avait commencé des études de médecine quand la guerre a éclaté. Incorporé dans l’armée en 1939, il n’a pas d’expérience du feu et est rapidement démobilisé. Il entre dans la Résistance en 1942, est arrêté par la Gestapo en 1944 et déporté d’abord à Auschwitz puis à Buchenwald et enfin à Flossenburg à la frontière avec la République Tchèque. De retour en France, il finit ses études de médecine avant d’intégrer le SDECE (aujourd’hui DGSE), tout en ouvrant en parallèle son cabinet de médecine de quartier et en exerçant pour de grandes entreprises. J’ai voulu raconter dans un livre les épreuves qu’il avait traversées pendant la guerre.»

 

Un triple cursus

Hervé Bommelaer est né à Neuilly. Sa mère tient une librairie de médecine, aujourd’hui disparue dans le VIe arrondissement de Paris. Il vit une scolarité heureuse et, en classe de première, entend parler de Sciences Po par un copain. « Ca avait l’air sympa et ce n’était pas loin de chez moi », s’amuse-t-il.

Il choisit la spécialité Economie et finances, pas très attiré par le secteur public qui prépare à l’ENA.

Son diplôme en poche, il poursuit son cursus avec une licence en droit à Panthéon-Sorbonne et, en même temps, passe le concours d’entrée à l’ESSEC qu’il intègre en deuxième année.  « C’était très ambitieux, se souvient-il. D’autant plus que les cours de l’ESSEC avaient lieu à Cergy-Pontoise avec des moyens de transport qui ne sont pas ceux d’aujourd’hui. Je me souviens d’un examen de droit passé avec Robert Badinter. Je n’étais pas bien préparé et lorsqu’il m’a demandé ce que je voulais faire, je lui ai dit, dans l’espoir peu glorieux de lui faire augmenter ma note, que je voulais être avocat. ”Il va vous falloir beaucoup plus travailler”, m’a-t-il répondu.»

 

« Je veux un métier où je m’amuse »

Il effectue son service militaire dans un régiment de l’armée de terre et son travail dans les bureaux l’ennuie prodigieusement. Il décide alors de travailler dans un secteur où il va s’amuser. Il cible les métiers de marketing et communication et il intègre un domaine « où l’on semble bien rigoler », la publicité.

Le voilà comme chef de publicité en agence. « Je me suis vite rendu compte que, de l’intérieur, on rigolait beaucoup moins, confie-t-il. Mais j’ai tout de suite aimé l’ambiance, la rencontre avec des gens brillants, les briefs des clients et la présentation des projets de films et d’annonces. Et j’ai très vite trouvé que le produit final n’était pas toujours à la mesure de l’intelligence collective qui l’avait produit. »

Sa carrière suit une courbe ascendante. Il passe onze ans chez DDB et il fait partie des cadres dirigeants de l’agence FCB ! lorsque, en septembre 2001, l’attentat contre les tours jumelles du Word Trade center entraîne un quasi arrêt de l’activité de son secteur. Plus d’un tiers de l’agence est licencié. Il fait partie de cette charrette et se retrouve en recherche d’emploi, ayant au préalable négocié un outplacement.

 

 Réorienter son activité professionnelle

Hervé, qui est en milieu de vie professionnelle, veut profiter de cet accident de carrière pour tenter de faire autre chose. Après trois réunions avec son conseiller en outplacement, sa conviction est faite : il veut travailler dans ce qu’il expérimente pour lui-même : l’outplacement, un métier dans lequel il est conscient qu’il va devoir faire une croix sur une grande partie de sa rémunération.  « Ayant identifié mon objectif, j’ai commencé une démarche réseau. J’ai rencontré des gens qui, bien que ne me connaissant pas, acceptaient de me recevoir et de m’aider, se souvient-il. C’est ainsi que j’ai signé un CDD chez BPI dans lequel j’étais moins bien payé qu’aux Assedic. »

Hervé, qui veut faire de l’accompagnement individuel, se retrouve à faire du collectif… son CDD est renouvelé pour six mois pendant lesquels il accompagne les cadres d’une compagnie aérienne en dépôt de bilan. Affecté à cette mission qui mobilise 40 consultants dont 35 sans expérience, il bénéficie d’une formation, un cas unique dans ce métier.

Il intègre ensuite BPI en CDI au sein de l’entité qui prend en charge les dirigeants – Leroy Dirigeants – et il effectue pendant cinq ans de l’accompagnement individuel de dirigeants.

Après la parution de son livre, il est courtisé par plusieurs cabinets et, aspirant à plus de liberté et d’autonomie, il décide d’entrer dans une structure comme associé. Il démissionne – faisant là ce qu’il déconseille à tous ses clients, qu’il incite à négocier leurs conditions de leur départ – et il entre chez Espaces Dirigeants, puis chez Enjeux Dirigeants comme sixième associé. Ils sont 9 aujourd’hui, avec une direction collégiale où règne une très bonne entente.

« J’adore ce métier de contact, se réjouit-il, où je me sens utile et où je rencontre des gens de grande qualité à un moment-clé de leur existence. »

Hervé Bommelaer n’est pas prêt à raccrocher les gants. « La majorité des gens voient la vie comme un mille-feuilles horizontal, déclare-t-il, avec une première période d’apprentissage, puis une vie professionnelle et enfin la liberté tant attendue de la retraite. J’ai choisi plutôt le mille-feuilles vertical, continuant sans arrêt à me former, vivant d’exaltantes aventures professionnelles et bénéficiant de par mon statut d’associé – et grâce aux moyens de communication d’aujourd’hui –, d’une grande liberté d’action avec de belles périodes de vacances. A ce rythme là, je peux exercer mon activité encore longtemps.  Et trouver du temps à consacrer à l’Avarap. »