Frédéric Lebailleul, participant AVARAP et rédacteur graphiste

Entré dans un groupe Avarap lesté du solide bagage d’architecte système, cet ingénieur a choisi, la quarantaine passée, d’écouter sa voix intérieure et de conjuguer le technique et l’artistique pour obtenir un « merveilleux équilibre ». Il exerce depuis, avec bonheur, le métier de « facilitateur graphique « .  Il revient ici sur le rôle de l’Avarap dans ce changement de parcours.

 

« Durant la plus grande partie de mon parcours professionnel, alors que je me consacrais à la conception d’algorithmes informatiques, une petite voix chuchotait au fond de moi que je n’étais pas forcément là où j’avais envie d’être. Le déclic s’est produit lors de mon parcours dans un groupe Avarap : j’y ai puisé la force de me réorienter professionnellement. »

Cheveux coupés court et barbe rase, Frédéric Debailleul ressemble un peu aux personnages de ses dessins. Le verbe posé de ceux qui ont l’habitude de se produire en public – le théâtre est l’un de ses hobbies les plus chronophages – il s’exprime de façon concise, avec un sens affirmé de la formule. En fait, il ne ressemble pas du tout à l’idée que l’on se fait d’un ingénieur chargé de concevoir des systèmes industriels complexes, un métier qu’il a exercé durant plus de vingt ans » avec un décalage assez prononcé avec l’appétence exclusive que mes collègues pouvaient avoir pour la technique ».

« Après dix-sept ans passés chez Safran à me passionner pour la mise au point de systèmes de navigation inertiels, j’ai ressenti le besoin de réfléchir sur mon avenir. J’avais la sensation de tourner en rond et qu’il était temps de changer de voie ! D’autant plus que je supportais mal le fait que, malgré mon investissement dans le théâtre qui m’apportait un équilibre essentiel, l’artiste en moi n’était pas reconnu. »

 

Une dichotomie entre l’ingénieur et l’artiste

Il décide alors d’aborder le sujet de son avenir avec les ressources humaines et sa société lui permet de bénéficier de l’aide d’un coach. Résultat : il change d’entreprise. Le voici chez Alstom. Son nouveau poste intègre davantage de médiation et de contacts et lui apporte de grandes satisfactions jusqu’à ce qu’un changement d’organisation remette tout en cause. Il choisit alors d’intégrer un cabinet de conseil en architectures de systèmes. Un passage éphémère puisqu’il se retrouve brutalement chez Pôle Emploi. Un vrai choc !

Un mail de Supélec relaie une information concernant une RIM organisée chez ESCP. Et le voici dans un groupe AVARAP de quinze personnes, dont la moitié sont en poste. « La grande nouveauté, c’est que je ne me retrouve pas dans une relation de coaché : c’est moi face à l’objectivité du groupe. Cela constitue un vrai terrain de mise à nu. J’y plonge sans retenue, râlant quand les choses n’avancent pas assez vite ! »

Le travail du groupe lui permet de dégager trois cibles :

– continuer en choisissant un poste qui lui laisse du temps pour cultiver son jardin secret ;

– intégrer un cabinet de conseil et de consultant en travaillant le côté facilitateur ;

– embrasser la fonction de directeur artistique (un « auto-fantasme »).

« Alors que j’entre dans un processus de recrutement à la RATP (la première option) ; un des participants du groupe me signale une prochaine formation de deux jours permettant de devenir facilitateur graphique. Ce nouveau métier – qui existe depuis une bonne dizaine d’années en France, un peu plus aux Etats-Unis – consiste à traduire en images le travail d’un groupe (comité de direction, séminaire d’équipe…). Il s’agit de créer des visuels en écoutant les débats et en les synthétisant en direct. »

Pour Frédéric, qui aime dessiner, cette fonction qui fait appel à des qualités d’écoute, de synthèse, mais aussi au lâcher prise et à la créativité est un très bon moyen de faire vivre l’artiste qu’il héberge en lui et d’exprimer toutes ses compétences dans une activité professionnelle. « Le hic, conclut-il avec humour, c’est que le groupe me renvoyait l’image d’un salarié et non celle d’un créateur d’entreprise. C’est dire qu’il m’a fallu pas mal d’énergie pour aller au-delà de la précarité de ma nouvelle situation. » Un peu plus d’une année plus tard, même si les inquiétudes du début ne sont pas tout à fait éteintes, Frédéric commence à se rassurer, et il réfléchit déjà à des évolutions futures intégrant en particulier les possibilités du numérique. Son prochain challenge ?