Estelle Mironesco : « J’ai décidé de mettre l’humain au cœur de mon action »
Après vingt-cinq ans en entreprise dans la finance puis dans la notation sociale, Estelle Mironesco a eu envie de transmettre son expérience de la dimension humaine du management. Elle décide de devenir coach, puis elle s’inscrit à une formation de marraine AVARAP. Elle conduit trois groupes, devient marraine référente, crée et anime, avec une autre marraine, Christel de Bethmann, un atelier intergroupe destiné aux créateurs/repreneurs d’entreprises. Sa motivation : aider, de façon bénévole, ceux qui n’ont pas la chance de bénéficier d’un accompagnement payé par leur entreprise.
« J’ai entendu parler de l’AVARAP à plusieurs reprises mais je me souviens particulièrement de cette participante à un groupe qui avait été cooptée animatrice. Quand elle parlait de son expérience, elle avait des étoiles plein les yeux. C’est elle qui m’a donné le plus envie de me rapprocher de l’association. » Nous sommes en 2013 et Estelle fait partie des animateurs du pôle Carrières de l’ESCP. Elle exerce déjà comme coach de façon individuelle et elle est très intéressée par le travail de groupe tel qu’il se pratique à l’AVARAP. « Je me formais au coaching collectif et l’animation de groupes AVARAP me donnait l’opportunité de le mettre en pratique », confie-t-elle.
Elle fait part de ce projet à l’ESCP dont elle est issue, elle fait partie des parrains/marraines proposés par cette école dans le cadre de notre partenariat et elle est retenue pour une formation des P/M. « Je me sentais légitime dans cette démarche, continue-t-elle. J’avais une solide expérience du management dans des situations de changement ou dans des phases de création d’équipes. Et j’avais bénéficié moi-même d’outplacement et de coaching de reconversion. »
Elle intègre une session qui débute en janvier 2014 dont les formateurs sont Michèle Dupré et Yves Chambert-Loir. « J’ai trouvé la formation très professionnelle, reconnaît-elle, et j’ai apprécié que le groupe de parrains marraines en formation (nous nous sommes appelés les « Thé vert de rage » – car nombreux étaient ceux qui étaient thé vert dépendants…) suive en accéléré le parcours d’un groupe. J’ai même été cooptée comme animatrice de ce groupe. » Estelle termine sa formation et s’engage très vite dans l’animation de son premier groupe. Deux autres suivront en 2015 et en 2016.
Une famille d’entrepreneurs
« J’ai toujours baigné dans l’entrepreneuriat, confie-t-elle. Mon père gérait l’entreprise familiale de production et de négoce de vins de Bourgogne. Il avait pris la suite de son propre père. L’entreprise était dans la famille depuis plusieurs générations. Toute petite, je me souviens d’avoir eu à table des clients de mon père venus d’horizons différents : Angleterre, Etats-Unis ou Japon… J’ai aussi vécu une expérience de transmission quand l’entreprise a été cédée. »
Née à Beaune dans une fratrie de trois, Estelle poursuit une bonne scolarité sur place jusqu’à ses 17 ans et s’inscrit, une fois le bac en poche, dans une prépa HEC. Elle s’installe à Paris où se trouve déjà sa sœur, se retrouve à Stanislas, un peu surprise tout de même (« Venant de Province, ça n’était pas gagné », s’amuse-t-elle), puis elle intègre l’ESCP dont elle sort diplômée à l’âge de 22 ans.
La banque Indosuez lui ouvre les bras. Elle travaille dans le secteur de l’analyse crédit puis dans les fusions-acquisitions. Déménagement à Londres où son mari a choisi d’être volontaire en service national en entreprise (VSNE). Ils y restent huit ans et elle y donne naissance à ses deux premiers enfants. Elle quitte Indosuez pour rejoindre le Crédit Lyonnais. De retour à Paris, elle fait ses premiers pas comme manager et elle vit sa première expérience de création d’activité sur un nouveau marché. « Une expérience inoubliable et un cadre de travail – le Palais Royal – très privilégié », se souvient-elle.
Un travail qui a du sens
Elle s’intéresse alors aux problématiques de développement durable et aux enjeux de l’Investissement socialement responsable (ISR). En créant une équipe de recherche environnementale et sociale chez Natixis Asset Management, elle a recours aux services de Vigeo, une agence de notation sociale et environnementale fondée en 2002. Elle décide alors de rejoindre cette entreprise où elle dirige pendant cinq ans la Business Unit dédiée au marché des investisseurs.
« C’était une expérience passionnante : un travail au cœur des enjeux sociétaux, un milieu très différent du monde financier que j’avais côtoyé avant, le management d’équipes intergénérationnelles, la dynamique d’une jeune entreprise très internationale. Le rythme était très intense. Au bout de cinq ans, j’ai voulu évoluer. J’avais aussi besoin de retrouver du temps et de la flexibilité pour être plus présente auprès de me trois adolescents », reconnaît-elle.
Elle décide de se former comme coach, avec le désir de transmettre tout ce qu’elle avait expérimenté durant sa déjà longue carrière de manager. « En tant que manager et dirigeante, confie-t-elle, je me suis toujours interrogée sur la meilleure façon d’embarquer mes équipes, ce qui m’a conduit à me former et à me faire accompagner. J’ai ainsi acquis une bonne expertise sur la dimension humaine du métier, intégrant des notions d’intelligence émotionnelle et relationnelle. » Elle se forme à l’accompagnement individuel et collectif chez International Mozaïk et croise la route de l’AVARAP.
Elle crée avec une autre marraine de l’AVARAP, Christel de Bethmann, Origata Transmission*, une structure qui « veut accompagner les dirigeants et leurs équipes sur leurs enjeux humains pour mieux reprendre, développer et transmettre les TPE-PME ». Qui affiche des valeurs fortes : respect, professionnalisme, pérennité, intégrité et… optimisme. Elle exerce par ailleurs son métier de coach dans les grands groupes, en particulier dans le monde financier qu’elle connaît bien.
A l’AVARAP, un atelier intergroupe pour les créateurs/repreneurs d’entreprises
En 2018, elle propose de créer, toujours avec Christel, un atelier intergroupe d’une journée : « Entrepreneuriat : moi, chef d’entreprise ». Elle explique pourquoi : « Les créateurs ou repreneurs d’entreprises se focalisent – et c’est tout à fait normal – sur le processus de création ou de reprise. Ils oublient souvent que leur véritable projet est de diriger et développer leur future activité. La reprise et/ou la création ne sont qu’un moyen pour y arriver. Nous leur proposons de se projeter dans la peau du futur chef d’entreprise, de se poser les bonnes questions et d’être challengés vis-à-vis de ce qui est un véritable changement de vie. » Elles animent environ cinq ateliers par an qui réunissent de 6 à 8 participants à des groupes au stade des cibles qui se destinent à ces fonctions.
Son engagement associatif ne se limite pas à l’AVARAP. Elle est également présente dans l’association 60 000 rebonds (où elle a retrouvé un autre parrain AVARAP, Jean-Marc Bouvet), accompagnant cette fois des entrepreneurs qui ont liquidé leur affaire à rebondir dans un nouveau projet.
« Je me sens aujourd’hui complètement en phase avec mes aspirations profondes », conclut-elle, toujours prête à répondre positivement aux sollicitations de notre association.
*origata-transmission.fr