Portrait Annette Prieur, participante AVARAP, a créé sa biscuiterie artisanale

Un sacré saut dans l’inconnu, même pour une adepte convaincue du changement. Annette Prieur a triplement migré : elle est passée du secteur de l’équipement de la maison à l’agro-alimentaire, de fonctions commerciales à la production, et de Paris à la campagne. Juriste de formation, Annette, qui a effectué une belle carrière comme commerciale dans plusieurs segments de l’aménagement de la maison, a découvert avec bonheur un nouveau secteur : l’agro-alimentaire. La création de sa biscuiterie artisanale 100 % biologique lui permet d’exprimer pleinement sa boulimie d’activité !

 

 

Mener plusieurs choses de front, Annette Prieur en a l’habitude. Mais, pour la première fois de sa déjà longue carrière professionnelle, elle contribue à tous les secteurs de sa jeune entreprise : mise au point des recettes, approvisionnement, fabrication, conditionnement, livraison… « J’ai souvent l’impression d’être dans un shaker, se réjouit-elle. Je passe en effet sans transition de la production dans l’atelier à la prospection de nouveaux clients je n’ai pas le temps de tout faire… Créer son entreprise nécessite d’avoir la maîtrise sur tant d’aspects que je ne gérais pas par le passé, lorsque je n’étais ”que” commerciale. »

Heureusement, elle peut compter sur le soutien de son compagnon qui a pris en charge les aspects financiers et comptables qu’elle n’affectionne pas particulièrement, et de son équipe, des jeunes dont elle salue l’engagement et la flexibilité pour s’adapter à une activité en constante évolution.

Pour développer sa « start-up biscuitière » comme elle se plaît à dire, elle a investi dans l’humain. Elle a recruté trois personnes, une à la production, l’autre au conditionnement et une jeune étudiante en alternance qui la seconde dans les aspects marketing et communication.

Native de Saône-et-Loire, elle poursuit ses études supérieures à Lyon, une ville qu’elle a retrouvée fin 2014 après avoir quitté la capitale. Des études de droit – « une période très plaisante » –, un choix qui ne doit rien à la passion mais une filière qui a le mérite d’ouvrir le champ des possibles. Après sa maîtrise, elle effectue un DESS de commerce international avant de… partir pour une année sabbatique au Mexique, pour « apprendre l’espagnol ». « Mes parent n’ont pas apprécié outre mesure, sourit-elle. Ils m’ont immédiatement coupé les vivres ! »

 

Une succession d’opportunités

De retour en France, elle démarre une carrière de commerciale dans la soierie, l’univers textile la menant ensuite à la décoration et à l’équipement de la maison. Elle passe de Lyon à Paris et à l’international – elle a fait un break pour aller travailler en Italie. Soieries lyonnaises, tissus d’ameublement ou arts de la table sont des secteurs dans lesquels elle exprime ses talents sur le marché français et à l’export où elle défend le savoir-faire des PME françaises.

Elle voyage beaucoup, saisit les opportunités – « j’ai été très gâtée, tous les jobs sont venus à moi » –avant de décider de se poser en 2014 alors que l’entreprise qui l’emploie change de propriétaire.  Elle fait alors le choix de retourner à Lyon avec le projet de reprendre une petite entreprise dans les secteurs qu’elle connaît bien de l’équipement de la maison, du textile ou de la décoration, tout en continuant à regarder le marché de l’emploi. « Je me suis rendu compte qu’après toutes ces années en tant que commerciale j’avais envie de me frotter à la production, à un métier plus manuel », déclare-t-elle.

Début 2015, elle rencontre Marie Palard, très active au sein de l’AVARAP à Lyon et assiste à une réunion d’information avant d’intégrer un groupe. « Après toute ces activités professionnelles, j’avais besoin de me poser et de faire un bilan, de faire l’inventaire de ”ma trousse à outils”, confie-t-elle. La participation au groupe m’a permis de rencontrer des gens de grande qualité et de reprendre confiance en moi. J’aurais adoré que ce cheminement débouche sur quelque chose de révolutionnaire mais cela m’a juste conforté dans ma voie. De toute façon, j’ai vraiment apprécié ce travail en groupe dans un esprit de bienveillance. »

 

La biscuiterie comme une évidence

Parallèlement, Annette suit une formation de management collaboratif au CNAM et participe à un club de repreneurs d’entreprises mis en place par la CCI Nord Isère. « C’est dans ce cadre que j’ai appris qu’une biscuiterie était à vendre. Cela a fait un déclic énorme chez moi. J’ai tout de suite su ce que je voulais faire : reprendre une biscuiterie. »

Avec l’aide de son compagnon, elle étudie le dossier qui n’aboutit pas. Puis elle identifie une petite biscuiterie qu’elle approche et à qui elle fait une proposition de reprise. Mais le prix demandé est au delà de ce qu’elle estime raisonnable d’investir.

En 2016, elle change son fusil d’épaule et décide de créer son propre atelier pour y produire des biscuits bio. A l’automne 2016, elle loue des locaux à Crèche-sur-Saône, en Bourgogne sud pour installer un atelier de production. Elle entre alors dans le maelstrom et elle ne l’a pas quitté depuis : « J’ai acheté des machines, créé des recettes avec l’aide d’une ingénieure agro-alimentaire spécialiste de la biscuiterie, finalisé les packagings avec des graphistes, déposé mes marques, démarché des circuits de distribution. Les premiers biscuits ont été commercialisés en juin 2017. »

La biscuiterie, qui a obtenu sa certification bio en 2017, fabrique des biscuits salés apéritifs et des biscuits sucrés qui sont commercialisés sous deux marques : la première, « Croquelicot », est destinée aux magasins spécialisés bio, la seconde « Marguerite en Bourgogne » est diffusée par des cavistes et des épiceries fines.

« Le segment du bio rencontre de plus en plus l’adhésion des consommateurs, reconnaît-elle. Nous proposons également nos biscuits en vrac – chaque semaine une nouvelle épicerie de vrac ouvre en France  –  et nous sommes en phase avec la tendance actuelle d’acheter local. Nous vendons principalement dans la région et nous comptons des clients dans d’autres villes comme Bordeaux, Royan ou Niort. Nous sommes interrogés par des détaillants qui ont découvert nos produits ou qui en ont entendu parler positivement. Ces demandes spontanées me ravissent. »

L’entreprise ne gagne pas encore d’argent, bien sûr, mais Annette Prieur est optimiste. Outre de réaliser des produits irréprochables, ce qui réjouit le plus cette commerciale qui a toujours été orientée client, et qui a fait sienne cette devise « Mon patron, c’est le client », c’est de recevoir une deuxième commande et des demandes de réassortiment. « La première conquête, si elle apporte de grandes satisfactions est éphémère. Ce qui est vraiment gratifiant, c’est de fidéliser les clients , conclut-elle. Une de mes clientes m’a dit que mes biscuits étaient addictifs. Quel bonheur ! »