La procrastination est un « défaut » largement répandu. Il est en effet assez naturel d’éprouver des réticences à effectuer une tâche qui nous parait fastidieuse ou difficile. Une majorité de Français sont concernés par ce fléau. Pour paraphraser Jean de La Fontaine : « Ils ne succombaient pas tous mais tous étaient frappés. »… à des degrés et à des moments divers.

 

Selon une étude 20 % de la population procrastinerait de façon chronique, c’est à dire plus qu’occasionnellement, soit un Français sur cinq. La procrastination peut être due à divers facteurs comme la peur de l’échec, le manque de motivation ou encore la mauvaise gestion du temps. « Les choses ne sont pas difficiles à faire, ce qui est difficile c’est de nous mettre en état de les faire. »       Brancusi.

Selon Joseph R. Ferrari, psychologue américain auteur de plusieurs livres sur la procrastination, trois types de motivation se cachent derrière la procrastination.

  • L’excitation anime ceux qui carburent à l’adrénaline et aiment le sentiment d’urgence de l’heure limite. Ils sont convaincus qu’ils travaillent mieux sous pression, même si c’est faux. « Les recherches montrent que le travail effectué à la dernière minute est systématiquement de moins bonne qualité que le travail fait à temps ou à l’avance par les mêmes individus », affirme-t-il.
  • D’autres remettent leurs tâches aux calendes grecques afin d’éviter à tout prix l’échec (ou la réussite, de peur que davantage soit attendu d’eux dans le futur).
  • Enfin, certains procrastinent pour contourner l’angoisse créée par la prise de décision.

Attention à ne pas confondre la procrastination et la paresse. « Les procrastinateurs travaillent très fort à ne pas faire ce qu’ils devraient, estime Joseph R. Ferrari. Ils trouvent mille autres tâches (faire du lavage, réorganiser leurs tiroirs) pour reporter celle qui leur répugne. »

 

Des avantages dans certains cas

Dans certains la procrastination peut avoir des avantages inattendus. Dans une période de stress, s’offrir une pause dans les tâches difficiles offre un soulagement temporaire qui permet de se ressourcer mentalement. Le report des décisions peut conduire à des choix plus réfléchis, car il donne le temps de rassembler des informations et de peser les options ; enfin le report de certaines tâches permet au cerveau d’imaginer des solutions créatives.

La procrastination a des causes multiples parmi lesquelles on peut citer :

  • Une mauvaise gestion du temps,
  • Un manque de motivation ou d’intérêt,
  • La peur de l’échec,
  • L’anxiété, le fait de se sentir dépassé(e)
  • La peur du jugement
  • Une mauvaise estime de soi
  • Le stress
  • Le perfectionnisme
  • Des objectifs pas ou peu définis
  • Une mauvaise appréciation du temps nécessaire pour faire les choses, le manque de recul
  • Une grande difficulté à faire la différence entre les tâches importantes et les tâches urgentes…

La procrastination est souvent associée à un sentiment de culpabilité et à un manque de confiance en soi. Dans la plupart des cas la procrastination est un problème passager et a peu d’incidences.  Néanmoins, si elle se prolonge, cela peut avoir un impact négatif sur la vie professionnelle en termes de réputation et d’évolution de carrière. Dans la vie personnelle cela est de nature à provoquer des incompréhensions, voire des disputes.

Dans les cas les plus préoccupants la procrastination peut être liée à des troubles plus graves tels que : le TDAH (Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité) ou la dépression, de nature à. entraîner un manque de volonté et d’énergie, rendant difficile l’accomplissement des tâches les plus simples.

Comment lutter efficacement contre la procrastination

Pour lutter contre la procrastination on peut retenir :

– Dresser la liste des choses à faire.

– Bien distinguer ce qui est important de ce qui est urgent.

– Commencer par ce qui est le plus contraignant (mais pas le plus difficile) pour en être débarrassé, ou, au contraire, par le plus facile pour démarrer une action.

– Faire des pauses ; la durée moyenne de concentration est de 45 minutes.

– Accepter ses limites et ne pas chercher la perfection.

– Se ménager des plages de solitude en coupant téléphone et ordinateur.

– Dépasser sa peur, c’est comme l’histoire du cheval et du jockey. Si le jockey regarde l’obstacle, le cheval ne saute pas. Pour qu’il saute, le jockey doit regarder l’horizon.

– Commencer « petit » pour les tâches à accomplir.

– Accordez-vous des loisirs (si possible enrichissants).

– Ne négligez pas votre hygiène de vie (sommeil, alimentation, activité physique …).

– Ne pas réagir à chaud en période de crise.

– Arrêtez de vous poser des questions et commencez à faire.

– Travailler en équipe pour créer une émulation positive

– S’offrir des récompenses pour maintenir la motivation

« Ce que nous devons apprendre à faire, nous l’apprenons en le faisant. » Ce truisme nous vient d’Aristote.

 

Vaincre la procrastination grâce à l’effet Zeigarnik

L’effet Zeigarnik désigne la tendance à mieux se rappeler une tâche qu’on a réalisée si celle-ci a été interrompue alors qu’on cherche par ailleurs à la terminer. Chacun a déjà constaté qu’il avait trouvé le matin au lever une solution à un problème non résolu lorsqu’on s’était couché. Il s’agit d’un phénomène cognitif découvert au début du XXe siècle par la psychologue soviétique Bluma Zeigarnik. Elle a remarqué que les garçons de café étaient capables de retenir toutes les commandes en cours pour chaque table, mais n’étaient pas capables de retenir les commandes déjà réalisées.

Commencer une tâche sans l’achever crée une sorte de tension dans votre esprit, ce qui vous force à la retenir, ce « suspens » vous pousse aussi fortement à terminer la tâche pour vous libérer de cette tension. C’est donc un outil anti-procrastination par excellence à partir du moment où la tâche est commencée !

L’effet Zeigarnik a néanmoins des limites : il peut conduire à un stress accru car les tâches incomplètes restent présentes à l’esprit, créant une pression mentale constante. Le souvenir des tâches incomplètes peut nuire à la concentration sur les nouvelles tâches à accomplir.

Enfin Il ne fonctionne pas si bien quand nous ne sommes pas particulièrement motivés pour atteindre notre objectif ou quand nous pensons de ne pas réussir.

En conclusion, la procrastination est un défaut assez commun et il n’y pas matière à culpabiliser. Il peut être utile cependant d’identifier les raisons sous-jacentes pour trouver des modes d’amélioration.

Claude Génin

Avarap