L’IA va-t-elle détruire ou faire évoluer les métiers ? L’étude publiée début octobre par EY Fabernovel penche clairement pour la seconde option en invoquant le fait que très peu de métiers reposent uniquement sur des tâches structurées et répétitives, autrement dit entièrement automatisables. Reste à savoir comment vont évoluer les métiers touchés et l’usage qui serait fait des gains de temps escomptés.

 

L’IA ne détruira pas massivement des emplois, mais va faire évoluer les différentes tâches des métiers, selon l’étude publiée début octobre par EY Fabernovel. Le document estime que 80 % des métiers seront touchés modérément et que moins de 10 % ne seront pas concernés.

Parmi les cas illustrant les évolutions possibles, l’étude met en avant le métier d’infirmer libéral. Aujourd’hui, ces praticiens passent plus de 50 % de leur temps à renseigner les dossiers et seulement 13 % à échanger avec les patients. L’IA permettrait de réduire les périodes d’activité consacrées à des tâches administratives, mais aussi de réduire la durée des trajets, grâce à des parcours optimisés. Autre cas évoqué, celui d’un enseignant. Les auteurs de l’étude estiment que l’IA pourra prendre en charge, partiellement ou en totalité, les tâches administratives, la création de matériel pédagogique ou encore la correction des travaux. L’enseignant pourrait ainsi consacrer plus de temps à enseigner l’usage des outils d’IA, contribuer au développement de l’esprit critique et mieux accompagner ses élèves.

Le métier d’avocat devrait, lui aussi, être transformé. Les outils d’IA pourraient notamment prendre en compte la recherche d’antécédents juridiques, rédiger nombre de documents (contrats, plaintes, etc.), mais aussi les analyser pour identifier des clauses particulières, repérer des incohérences ou des risques. Ils seraient également capables d’établir une probabilité de succès des démarches entreprises grâce à une analyse des précédentes décisions judiciaires. Les avocats seraient alors en mesure de consacrer davantage de temps au conseil à leurs clients, à la gestion de leur communication et contribuer à l’élaboration des futures lois.

 

Le rôle d’accélérateur des géants du numérique

L’étude postule que l’IA peut améliorer l’expérience collaborateur en élaborant des parcours d’apprentissage plus adaptés aux personnes, mais aussi en facilitant l’accès à la formation. Elle devrait aussi contribuer à une meilleure collaboration entre équipes en favorisant l’idéation et les échanges constructifs.

Comment sera investi le gain majeur, à savoir le temps économisé sur des tâches automatisables ? Pour les auteurs de l’étude, il est déjà clair que les entreprises vont investir dans la formation, ce qui aura plusieurs effets bénéfiques : un développement des expertises, un engagement plus prononcé et la possibilité d’ouvrir de nouvelles opportunités de carrière. Attention, l’étude souligne aussi que le gain sera d’autant plus net que le mouvement se fera « par une approche systémique entre plusieurs directions métiers plutôt que de se lancer dans des initiatives isolées ».

Si les utilisateurs devaient directement recourir aux outils d’IA, les usages se répandraient sans doute lentement. Les acteurs du marché des outils numériques vont cependant favoriser la diffusion des usages. L’étude cite notamment le cas de Microsoft qui a introduit dans sa suite bureautique, utilisée par 46 % des entreprises, un module d’IA qui devrait démontrer rapidement l’intérêt de déléguer certaines tâches.

Quid des impacts sur l’emploi ? Selon un rapport diffusé en août par l’Organisation internationale du travail des Nations unies, ce sont les pays à revenus élevés qui seront les plus affectés, en particulier les emplois du secteur tertiaire. Globalement, 5 % des emplois de ces pays sont exposés à un risque élevé de disparition, alors que c’est le cas pour seulement 0,4 % dans les pays à faibles revenus. Les femmes seraient aussi plus touchées que les hommes, du fait de leur plus grande présence dans les emplois du secteur tertiaire.

Le rapport postule que les outils d’IA vont globalement augmenter la part des activités qui nécessitent des compétences intrinsèquement humaines, comme l’esprit critique et la communication.

https://www.info-socialrh.fr/grh/digitale

 

Gilmar Sequeira Martins

Publié le 2 octobre 2023