De tout temps les peuples ont réclamé plus d’égalité. Mais l’égalité cela n’existe pas, ni dans la Nature ni dans les sociétés humaines. En revanche, réduire les inégalités est, sur le plan éthique, une impérieuse nécessité. Pour illustrer notre propos, prenons deux grandes causes notre époque qui vont influencer d’une manière décisive le futur de l’humanité : la protection de l’environnement et la condition féminine.

 

Le sixième rapport d’évaluation du GIEC (mars 2023) est formel : «La hausse de la température globale s’est encore accentuée ; les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter ; la vulnérabilité des écosystèmes et des populations s’accroît. »

Le GIEC décrète l’état d’urgence mais il faudra beaucoup de temps pour que les réactions soient à la hauteur des enjeux. Pour des actions réellement efficaces il faudrait changer le fonctionnement et les valeurs de référence de tout le système économique, ainsi que le comportement de la plupart des humains. La capacité de résistance des pays développés étant plus forte, l’urgence se fait moins sentir. Les grandes sociétés, concernées par les énergies fossiles, ne sont guère disposées, à court terme tout au moins, à remettre en cause leurs bénéfices. Des pays grandement responsables du problème, comme la Chine et les Etats-Unis rejettent le principe de toute mesure contraignante. Ce sont les pays pauvres qui sont les plus atteints. Ainsi le Pakistan, qui est responsable de moins de 1 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, est l’un des pays les plus touchés par le dérèglement climatique. Les pluies diluviennes qui s’y sont abattues cet été ont entraîné la destruction de deux millions d’habitations. Au total 33 millions de personnes ont été touchées.

Les climato sceptiques qui dénient le réchauffement climatique représentent encore un courant d’opinion non négligeable : « En l’espace d’un an, la proportion de climato sceptiques a augmenté de près de dix points en France, pour atteindre 37 % », selon l’Obs’COP, une étude réalisée conjointement par EDF et l’institut de sondage Ipsos. Populisme et extrême droite en font leur cheval de bataille.

 

Changement climatique et emploi

Le changement climatique concerne – à des degrés divers – tous les travailleurs et en particulier, ceux qui exercent des métiers en extérieur (agriculteurs, ouvriers du bâtiment, etc.)      Le marché de l’emploi ne va pas seulement être transformé par la crise climatique ; il faut y ajouter l’impact de l’intelligence artificielle qui va changer la donne dans de nombreux domaines. Les métiers très répétitifs sont menacés mais pas seulement ; des applications comme ChatGPT d’Open AI vont transformer des emplois à hautes compétences comme ceux concernant l’éducation, la finance, le Journalisme, ‘l’ingénierie…

L’ensemble des secteurs va devoir s’adapter et prévoir de nouvelles compétences. Selon un rapport thématique de France Stratégie et de la Direction statistique du ministère du Travail (2023), la transition écologique et énergétique permettrait de créer entre 200 000 et 500 000 emplois, selon les scénarios et les modèles.

En définitive tout va dépendre de notre capacité d’adaptation et d’anticipation face aux bouleversements à venir.

 

Condition féminine

Différents types d’inégalités entre hommes et femmes se cumulent, telles que les différences de salaire, les disparités en matière de sanctions pénales ou les déséquilibres dans le partage du travail domestique.

Selon Catherine Vidal, neurobiologiste et ancienne directrice de l’Institut Pasteur, il existe chez tous les individus une « plasticité cérébrale » au fil des apprentissages et des expériences de la vie. Ses travaux indiquent qu’il n’y a pas de différence anatomique entre le cerveau d’une fille et celui d’un garçon, en dehors des fonctions physiologiques de la reproduction. C’est la société, l’environnement et le vécu propre à chaque enfant qui conditionnent sa personnalité et ses compétences. »

Grâce à ses propriétés de plasticité cérébrale, le cerveau se façonne en fonction du contexte, des apprentissages et des expériences vécus par les individus.

Les recherches sur le genre montrent que le masculin et le féminin ne sont pas des catégories naturelles mais des normes sociales.

Franz de Waal, primatologue néerlando-américain enfonce le clou : « Je condamne les inégalités de genre, mais je pense que la conversation générale s’est focalisée sur un faux problème, le genre, et non le vrai problème, les inégalités. On a pu penser que pour les réduire, il fallait oublier le genre et, par exemple, proposer une éducation neutre. C’est une entreprise vaine, car nous restons des êtres biologiques et qu’il y aura toujours deux sexes. Or il est possible de combattre les inégalités sans oublier le genre. » Les êtres humains n’ont pas besoin d’être identiques pour être égaux.

L’étonnant succès et retentissement international du film « Barbie » illustre bien la nouvelle importance du thème de l’identité féminine.

 

Le coup de tonnerre de #MeToo

Le mouvement #MeToo, apparu aux Etats Unis en 2017, à La suite de l’affaire Weinstein, a été le révélateur de la domination masculine et des violences faites aux femmes. Les abus observés concernent tous les secteurs d’activité et tous les milieux sociaux.

Comme le disait Montesquieu : « C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites. (De l’esprit des lois, XI, IV).

Le slogan des féministes radicales : « Délivrez-nous du mâle » parait excessif car tous les hommes ne sont pas violents. En chaque personne coexiste une part de féminité et de masculinité et il est important de lutter conte la construction culturelle de la hiérarchie des sexes. « Et si, comme les femmes, les hommes étaient depuis toujours victimes du mythe de la virilité ? L’homme a, dès les origines de la civilisation, théorisé la hiérarchie des sexes en faisant de la supériorité mâle le fondement de l’ordre social, religieux et sexuel. »

 

Les femmes et le milieu du travail

Quelques chiffres concernant les années 2022 et 2023 : Plus de 28% des femmes travaillent à temps partiel ; 24% des ingénieurs sont des femmes. Les femmes occupent seulement un tiers des postes du domaine scientifique. Seulement 2,5% de femmes sont à la tête des entreprises du CAC 40.

En 2021, le revenu salarial moyen des femmes est inférieur de 24 % à celui des hommes dans le secteur privé (Insee).Les inégalités de salaire entre femmes et hommes augmentent avec l’âge.

L’historienne Lucie Peytavin raconte à Brut : « Les femmes s’arrêtent de travailler beaucoup plus que les hommes pendant leur carrière pour s’occuper d’enfants, ce qui fait qu’elles vont avoir des carrières hachées et auront peu accès aux promotions, aux primes et aux postes à responsabilités. » (Plus de 80 % des familles monoparentales sont des femmes.)

La première raison de cette différence, c’est le secteur d’activité : les femmes s’orientent en moyenne vers des métiers moins rémunérateurs que les hommes. Elles sont en effet sur-représentées dans les formations paramédicales, sociales et littéraires et sous-représentées dans les secteurs scientifiques.

Il faut cependant noter que l’appartenance à une classe sociale est un marqueur bien plus important que le sexe, c’est-à-dire que le fait d’être issu d’une classe sociale privilégiée a plus d’effet sur la réussite scolaire que le fait d’être un garçon.

Je voudrais terminer par deux citations qui illustrent mon propos :

« Nous ne sommes pas tous égaux, nous naissons différents les uns des autres, sinon à quoi servirait le Droit ? Le registre égalitaire me paraît contre-productif. Je préfère parler d’équité plutôt que d’égalité entre les femmes et les hommes. » Pascal Picq paléoanthropologue professeur au collège de France

« Ma revendication en tant que femme c’est que ma différence soit prise en compte, que je ne sois pas contrainte de m’adapter au modèle masculin. » Simone Veil

Claude Génin AVARAP

Septembre 2023