Dans son sens le plus large la solidarité correspond à un sentiment humanitaire, ressenti comme un devoir moral, qui nous pousse à aider les autres. D’une manière plus restrictive, selon le Larousse, c’est le « Rapport existant entre des personnes qui, ayant une communauté d’intérêts, sont liées les unes aux autres. »

 

Dans la Déclaration du Millénaire, adoptée par les états membres des Nations-Unies en l’an 2000, la solidarité est définie comme étant l’une des valeurs fondamentales qui doivent sous-tendre les relations internationales au XXIe siècle, aux côtés de la liberté, de l’égalité, de la tolérance, du respect de la nature et du partage des responsabilités. Force est de reconnaître que la réalité est très loin de cette ambition.

A l’heure de la recrudescence des conflits, de la reprise des actions terroristes et de la montée de la violence attisée par les réseaux sociaux, le concept même de solidarité est mis à mal. Plus qu’une crise de valeurs il apparaît plus juste de parler d’une société en manque de repères, en déficit de sens, où les inégalités progressent et où l’avenir est plutôt source d’inquiétude.

 

La solidarité et non l’individualisme

Aux valeurs républicaines de Liberté, Egalite et Fraternité il n’est pas interdit de penser que les valeurs dominantes, dans bien des situations, restent le pouvoir, l’argent et le sexe. La mondialisation, l’amplification des échanges commerciaux, internet et l’accélération des communications, la concurrence exacerbée entre les entreprises, l’arrivée massive de migrants venus de pays très différents… Tout cela met à mal les principes républicains d’égalité, fraternité, universalité, laïcité.

Pour que la solidarité puisse s’exercer, il faut que chacun considère l’autre, malgré ses différences, comme aussi important et respectable que soi-même. Cela nécessite de lui accorder un certain niveau de confiance ce qui, dans cet univers dominé par l’esprit de compétition, est moins répandu que l’individualisme. La France est l’un des pays au monde où le sentiment de défiance est le plus répandu, et ce depuis des décennies. Cette défiance ne s’applique pas qu’aux relations interpersonnelles elle concerne l’ensemble des institutions.

En période de crise comme actuellement, les solutions les plus radicales, prônées par les mouvements populistes et alimentées par les réseaux sociaux sont rarement compatibles avec la solidarité. Seul le Pape, dont la parole n’est tributaire d’aucun parti politique, peut, par exemple, tenir un discours de solidarité vis-à-vis des immigrants.

 

La solidarité internationale à l’épreuve des faits

La coopération entre nations peut être un bon préalable à la solidarité mais cela suppose le respect de certaines règles. Les pays soumis à une dictature bafouant quotidiennement les droits humains ne sont guère concernés par l’esprit de solidarité. Le territoire, qui renvoie à la fois à un espace géographique, à une identité collective et à un enjeu de pouvoir est souvent à l’origine de conflits.

Comme le rappelle Bertrand Badie, spécialiste de la sociologie des relations internationales : « On s’aperçoit que les revendications territoriales ne peuvent pas aboutir ou n’aboutissent pas à des solutions ou à des innovations et que, au contraire, elles conduisent, comme pour forcer cette thérapie territoriale, à l’abominable, c’est-à-dire à l’épuration ethnique, voire au génocide. »

Les replis identitaires, le plus souvent teintés de racisme, excluent toute forme de solidarité.

La lutte contre le réchauffement climatique, débattue en réunions internationales, reste néanmoins soumise à l’approbation de chaque état où dominent souvent l’égoïsme et les considérations de court terme. « Si les pays riches peuvent s’adapter à la hausse des températures « par le simple réglage d’un thermostat », pour reprendre la métaphore du prix Nobel de la paix sud-africain Desmond Tutu, les pays en développement affrontent des difficultés autrement plus dramatiques.

« La mondialisation est de l’interdépendance sans solidarité. » Edgar Morin

La solidarité se manifeste toujours après des événements catastrophiques majeurs : incendies, inondations, tremblements de terre… Chacun(e), depuis son smartphone, petite fenêtre ouverte sur le monde, est bombardé(e) d’images, souvent effrayantes, accompagnées de commentaire hystériques et d’informations invérifiables. Tout cela conduit à un sentiment de confusion anxiogène interdisant toute initiative. Dans le meilleur des cas se développe un sentiment de compassion. Cette accumulation de catastrophes de toutes sortes finit par créer un sentiment de saturation et la résignation, dans bien des cas, se substitue à la compassion.

 

Une solidarité sélective

La solidarité est évidemment plus facile s’agissant de personnes qui partagent les mêmes valeurs, croyances, convictions, centres d’intérêt… ou qui appartiennent à une même classe sociale. Mais La solidarité ce n’est pas l’esprit de clan, le copinage ou simple esprit d’équipe.

La solidarité familiale est la plus naturelle et la plus répandue. L’éducation des enfants est un enjeu important pour la démocratie. L’école est devenue un lieu de tensions et il est urgent de réapprendre les valeurs fondamentales de respect, tolérance et ouverture au dialogue. La France a décidé de s’inspirer du modèle danois qui, depuis les années 1990, prodigue des cours de gentillesse et d’empathie a tous les élèves de 6 à 16 ans ; il s’agit de réapprendre les règles du vivre ensemble.

« C’est joli le progrès ! Demain, quand on offrira un livre à un gamin, il le tournera dans tous les sens pour savoir où il faut mettre les piles. » Coluche

Dans les entreprises coopération et solidarité s’installent naturellement, tout au moins aux échelons inférieurs où la concurrence sévit peu. Le syndicalisme en France est peu développé en comparaison avec les pays nordiques par exemple (un peu plus de 10% contre plus de 60% et en Belgique 50%).

Face à une société encore très patriarcale les femmes sont de plus en plus tentées de s’organiser entre elles. La sororité ou solidarité entre femmes est fortement encouragée par les mouvements féministes.

D’aucuns prétendent que générosité et solidarité seraient plus fréquentes chez les pauvres que chez les riches. Une grande part de l’explication tient au rapport à l’argent. Pour les riches il s’agit principalement d’un instrument de pouvoir. Pour les pauvres, plus prosaïquement, du moyen principal de pouvoir s’assurer une vie décente.

 

Solidarité et bénévolat

Les associations ont un rôle important à jouer notamment pour compenser certaines défaillances du Service Public. Le sport amateur, par exemple, permet un mélange de personnes appartenant à des classes sociales ou des communautés différentes. 23% des Français sont bénévoles en associations en 2023. (Enquête IFOP 2023 pour Recherches & Solidarités.)

Pour pratiquer la solidarité il faut d’abord avoir confiance en soi, être ouvert aux autres, savoir écouter, être tolérant, empathique, apprécier le travail d’équipe… toutes choses qui deviennent rapidement naturelles dans un groupe AVARAP.

L’ambition de l’AVARAP, c’est, en plus de l’aide au repositionnement et à l’adaptation au changement, de contribuer à former des managers respectueux de l’humain et capables de concilier l’éthique et l’efficacité. La pratique conviviale de l’intelligence collective associée au plaisir d’être solidaire. Selon Christophe André, psychiatre et psychothérapeute, « l’engagement, l’altruisme, donnent du sens à notre vie, un sentiment d’estime de soi. » Pour les 120 bénévoles de l’AVARAP la solidarité est la motivation essentielle de leur engagement.

 

« Le but c’est d’être heureux. On n’y arrive que lentement. Il y faut une application quotidienne. Quand on l’est, il reste beaucoup à faire : consoler les autres. » Jules Renard

Claude Génin Avarap

 

Annexe      

Paroles et action

L’histoire de l’homme tombé dans un trou

Un homme tomba dans un trou et se fit mal.

Un cartésien se pencha et lui dit : « Vous n’êtes pas rationnel, vous auriez du voir

ce trou ».

Un spiritualiste le vit et dit : « Vous avez dû commettre quelque péché ».

Un scientifique calcula la profondeur du trou.

Un journaliste l’interviewa sur ses douleurs.

Un yogi lui dit : « Ce trou est seulement dans ta tête, comme ta douleur ».

Un médecin lui lança deux comprimés d’aspirine.

Une infirmière s’assit sur le bord et pleura avec lui.

Un thérapeute l’incita à trouver les raisons pour lesquelles ses parents le préparèrent

à tomber dans ce trou.

Une pratiquante de la pensée positive l’exhorta : « Quand on veut, on peut ! »

Un optimiste lui dit : « Vous auriez pu vous casser une jambe ».

Un pessimiste ajouta : « Et ça risque d’empirer ! »

Puis un enfant passa et lui tendit la main pour l’aider à sortir…

(Histoire transmise par Bernard Lamailloux)

Crédit photo : freepik.com