Dans le monde du travail, la condition des femmes s’est améliorée mais l’inégalité salariale reste importante. Selon la dernière étude de L’APEC l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes persiste, les hommes cadres gagnent 6,9 % de plus en moyenne que les femmes (à postes et profils identiques, neutralisant les effets négatifs liés à la différence des secteurs, des métiers, ou encore de l’âge).

 

Cet écart ne se résorbe quasiment pas depuis 2015 avec des chiffres passant de 8,5 % en 2015 à 7,1 % en 2019. Pire ! Il augmente avec l’âge. Comme les hommes occupent davantage que les femmes des postes plus élevés dans la hiérarchie des entreprises – elles ne sont que 21% dans les directions générales -, l’écart de salaire est en réalité de 12 %. La discrimination à l’encontre des cadres féminins croît aussi avec l’âge : la différence de salaire est limitée à 2 % chez les moins de 35 ans mais atteint 21 % chez les 55 ans et plus.

Alors qu’elles sont plus diplômées que les hommes, plus les femmes montent dans la hiérarchie plus l’écart de salaire avec les hommes se creuse. On compte seulement 2,5% de femmes à la tête des entreprises du CAC 40.

Dans la population totale, toutes fonctions confondues, l’écart est évidemment plus important. La rémunération des femmes est encore en moyenne inférieure de 23,5 % à celles des hommes dans le secteur privé, selon l’étude annuelle publiée par l’Insee. Plus de 28 % des femmes travaillent à temps partiel. Elles représentent 62 % des personnes payées au Smic (enquête de la Dares). Selon le ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, en 2021, 82 % des parents isolés sont des femmes.

Xavier Bézio   Managing Director de Morgan Philips Management de Transition déclare : « Selon les données récentes de l’OCDE, en 2024, les femmes restent sous-représentées dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM), seulement 28 % des chercheurs dans le monde étant des femmes. Cette sous-représentation limite l’accès des femmes à certains des secteurs les plus innovants et les mieux rémunérés de l’économie mondiale. »    

 

Un travail domestique dévalorisé et pourtant essentiel à nos sociétés

Non seulement le travail de soin n’est pas partagé équitablement mais il n’est pas valorisé par notre société. S’occuper des enfants, d’une personne malade, des repas, de la maison, des courses, des rendez-vous médicaux… tout ceci a une valeur au sein de notre économie. L’Organisation internationale du Travail (OIT) a mesuré la valorisation économique de toutes ces tâches réalisées : cela équivaut à 14,8 % du PIB de la France !

Selon l’ONU, les femmes assurent les 2/3 des heures de travail dans le monde et ne perçoivent qu’un dixième des revenus.

Différents évènements récents : #metoo, féminicides, pédophilie, violences sexuelles… ont placé le problème de la condition féminine comme un problème de société de première importance. Tout cela aboutit à une remise en cause de « l’identité masculine ». « La déconstruction du masculin et la féminisation qui s’en est suivie chamboulent les hommes modernes en quête d’eux-mêmes. » Selon le rapport du HCE en 2023, 37 % des hommes en France considèrent que le féminisme « menace leur place » au sein de la société.

« Personne n’est plus arrogant envers les femmes, plus agressif ou méprisant, qu’un homme inquiet pour sa virilité », Simone de Beauvoir.

Certains métiers jusqu’ici réservés aux hommes, peuvent être désormais occupés par des femmes, tels que : chauffeur routier, peintre, sapeur-pompier, électricienne, cheffe de chantier, conductrice de travaux…

Pour certains masculinistes surgit le fantasme du grand remplacement !

Aucune donnée scientifique ne peut expliquer et encore moins justifier la domination masculine. « Il est impossible de deviner, en regardant un cerveau adulte, s’il appartient à un homme ou une femme », explique la neurobiologiste Catherine Vidal. Des différences existent cependant : en dehors des facteurs biologiques, par exemple : la femme a un taux plus élevé d’œstrogène, l’homme a un taux plus élevé d’androgène, la testostérone.

D’autres différences, souvent importantes, existent, d’ordre psychique et comportemental. Elles sont, pour une très grande part, culturelles. Les pratiques éducatives notamment contribuent au maintien des rôles sexuels traditionnels. Tout cela se traduit par une vision et un comportement différent dans le monde du travail. Les femmes managers ont, en général, une pratique différente de l’autorité. Une approche plus participative et collaborative ; une plus grande authenticité ; un management d’influence plutôt que d’autorité ; une meilleure capacité à gérer ses émotions ; une vision à plus long terme…

Les femmes sont plus diplômées de l’enseignement supérieur que les hommes, ce qui explique notamment que dans les groupes AVARAP on trouve, en moyenne, plus de femmes cadres que d’hommes.

Pour quelles raisons les pays scandinaves sont-ils considérés comme modèles en ce qui concerne la condition des femmes ? On peut citer quelques éléments importants :

  • L’égalité hommes-femmes est profondément ancrée dans la culture scandinave.
  • L’éducation vise à déconstruire les stéréotypes de genre dès le plus jeune âge.
  • Création d’un ministère dédié à l’égalité des genres en 2011 en Suède et vote, dès 1998, d’une loi contre les violences faites aux femmes.
  • Congé parental conçu pour favoriser l’égalité entre les parents…

En Suède, Norvège et Danemark plus de 45 % des députés sont des femmes (36 %en France). La religion protestante, qui accorde une place importante aux femmes, est également un élément positif en matière d’égalité.

« Ma revendication en tant que femme c’est que ma différence soit prise en compte, que je ne sois pas contrainte de m’adapter au modèle masculin. » Simone Veil

Claude Génin AVARAP

 

Domination masculine : les leçons de la préhistoire

Pascal Picq, paléo-anthropologue et maître de conférences au Collège de France, a tenté de comprendre l’origine de la domination masculine dans son dernier livre Et l’évolution créa la femme (Odile Jacob, 2020).

« La manière dont s’installe le pouvoir masculin dans les entreprises modernes est exactement la même que celle utilisée par certains singes : empêcher les femmes de se coaliser, contrôler leur reproduction et les moyens de production, empêcher les femmes de s’associer avec des mâles puissants qui pourraient aider à leur promotion. Il y a une universalité des facteurs de la coercition et de la domination masculine qui s’applique, quels que soient les systèmes sociaux et les espèces, des chimpanzés aux entreprises modernes… »

« Dans les rapports avec les femmes, nous sommes pires que les singes Chez les singes, les viols sont très rares…Même si les chimpanzés ne sont pas des tendres, ils sont loin d’être aussi violents. »