Enquête sur le vécu parental autour de l’articulation du travail et de la parentalité dans un contexte de réinvention du rapport au travail.

 

La priorité n°1 des parents travailleurs en France est l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. C’est ce que déclarent le millier de salariés parents sondés dans un contexte plus global de réinvention du rapport au travail. Pourtant, l’articulation quotidienne entre le travail et la parentalité ne permet aujourd’hui pas de répondre à cette ambition : pour 77 % des parents interrogés, concilier travail et parentalité est perçu comme difficile. Nous nous sommes naturellement interrogés : quelles sont donc les sources de cette difficulté et sont-elles les mêmes pour tous les parents ?

 

Si les accompagnements se multiplient autour de la petite enfance et de ces moments-clés, c’est un autre enjeu que font émerger les parents : celle de la routine au quotidien, qui émerge comme la première difficulté, commune à tous. La routine de tous les jours et de tous les âges. La routine invisible et pourtant la routine qui accapare et qui pèse.

S’il n’existe bien sûr pas un unique modèle idéal parental ni de recette magique pour concilier cette responsabilité avec son travail (autant de parents, autant de manières de faire), l’étude des trajectoires de vie faites de bifurcations et d’arbitrages selon de nombreux facteurs – genre, génération, âge des parents, âge et nombre des enfants ou encore situation professionnelle, matrimoniale et valeurs – raconte quelque chose des difficultés parentales en France et des caractéristiques de notre modèle social. Dans ce magma de vécus individuels, des profils de parents avec des stratégies de conciliation spécifiques ou encore des difficultés partagées sont à souligner. Décryptage.

 

> Quatre catégories de parents à regarder à la loupe

-> Les parents de la génération Y sous pression sociétale

 

84 % des générations Y trouvent difficile d’articuler travail et parentalité (vs. Une moyenne de 77 %)

Ils ont entre 25 à 44 ans et on leur colle souvent de fortes ambitions professionnelles et donc le besoin d’une certaine disponibilité au travail. Dans un sens du devoir à la française, on devrait, entre 30 et 40 ans, assurer sur tous les fronts : familial, professionnel, amical, sportif, etc. Pourtant, dans notre enquête, leurs réponses cassent les stéréotypes : c’est la tranche d’âge qui déclare le plus que le travail a moins d’importance dans leur vie depuis leur parentalité. S’il y a une génération qui ne se laissera pas attraper par les sirènes de la success story professionnelle au dépend de sa vie de famille, c’est elle.

 

> Les professions intermédiaires sans marge de manœuvre

81 % des professions intermédiaires trouvent difficile d’articuler Travail & Parentalité (vs. Une moyenne de 77 %)

Les professions intermédiaires déclarent disposer de très peu de flexibilité au travail (horaires à rallonge, obligation d’être physiquement présents) et très peu de marge de manœuvre, au contraire des populations cadres qui disposent de plus d’autonomie dans l’organisation de leur travail et d’aisance financière pour recourir à de l’aide. Ainsi, ces parents font davantage d’aménagements professionnels structurants, en renonçant (au moins partiellement) au travail, tout particulièrement chez les femmes : plus d’⅓ des femmes de cette catégorie socio-professionnelle déclare ainsi avoir recours au temps partiel.

> Les cadres qui ne renoncent à rien

80 % des cadres trouvent difficile d’articuler travail et parentalité (vs. Une moyenne de 77 %)

Certes, les cadres ont plus souvent le privilège d’une forte flexibilité, accrue notamment post covid, ce qui leur permet de ne renoncer ni à la famille, ni au travail. Mais cette flexibilité a certains revers : des journées épuisantes à jongler, les conduisant parfois jusqu’au burnout professionnel, qu’on observe en hausse. Ils sont ainsi 81 % à déclarer retravailler le soir et le week end pour pouvoir mener leurs différentes responsabilités de front.

 

> Les femmes, avec des inégalités genrées qui subsistent

80 % des femmes trouvent difficile d’articuler travail et parentalité (vs. Une moyenne de 77 %)

Malgré une volonté plus marquée pour les pères de s’investir dans le soin et l’éducation des enfants, ce sont toujours les femmes qui portent la charge principale dans le couple traditionnel. Tandis que les hommes déclarent avoir pour principale difficulté d’être disponibles pour leurs enfants en même temps qu’être pleinement investi au travail, le plus difficile pour les femmes est de trouver du temps pour elles-mêmes et de gérer la logistique à la maison. Ce sont aussi les femmes qui renoncent le plus au travail avec 25 % d’entre elles qui ont recours à une réduction contractuelle du temps de travail contre 11 % pour les hommes.

 

Et pour demain : quelle nouvelle perspective ?

Le constat posé plus haut est loin de constituer un statu quo. Tandis que les évolutions sociétales font évoluer petit à petit la cellule familiale et les modèles parentaux, les acteurs du monde professionnel tentent aussi de repenser la vie des parents salariés du côté professionnel. Mais c’est surtout les signaux qu’envoie la prochaine génération de parents qui préfigurent de changements plus profonds.

Chaque nouvelle cohorte générationnelle questionne avec son regard frais le monde du travail à son arrivée sur le marché de l’emploi, cette nouvelle jeunesse n’est pas en reste.

« La Génération Z valorise davantage l’équilibre pro-perso. Les précédentes générations pensaient “qu’il fallait souffrir et attendre de progresser” : on n’accepte plus ça aujourd’hui », nous témoigne ainsi un parent.

Et pour trouver une vie plus équilibrée, les sondés de moins de 24 ans sont prêts à effectuer des aménagements plus radicaux que leurs aînés. Dans le top de leurs arbitrages, on retrouve :

  1. Un déménagement plus proche du lieu de travail et/ou mode de garde
  2. Un changement d’employeur (autres conditions de travail)
  3. La reconversion professionnelle (autre métier)

Au travers de ces choix structurants d’un point de vue professionnel de dessinent progressivement de nouvelles exigences vis-à-vis de l’entreprise.

Jana Horakova

 

Source : https://www.fr.adp.com/rhinfo