Fatigue numérique, fatigue informationnelle, stress numérique… Les termes sont nombreux pour désigner une réalité bien connue : l’épuisement mental dû à une surcharge constante d’informations. Les jours heureux où le courrier mettait des jours à arriver et où le salarié, sans téléphone portable, était réellement tranquille sur la plage pendant ses congés, sont désormais loin. La multiplication des outils de communication a certes boosté l’efficacité des travailleurs et rendu les échanges plus rapides et plus fluides, mais elle a aussi fait émerger de nouveaux effets secondaires : explosion du volume d’information, hyper-disponibilité, difficulté à déconnecter, pression permanente de l’immédiateté.

 

Fatigue numérique au travail : un mal croissant aux conséquences lourdes

Une étude récente de la Fondation Jean Jaurès (décembre 2024) montre que 26 % des actifs se déclarent fatigués ou très fatigués numériquement. Quand on sait que la Dares, la Drees et la DGAFP estimaient à environ 8,1 millions le nombre d’employés de bureau en France en 2019, c’est quasiment l’intégralité de cette population qui semble concernée.

Les conséquences de cette fatigue numérique sont multiples, tant pour le salarié que pour l’entreprise : baisse de productivité, hausse de l’anxiété, stress chronique, risques accrus de burn-out… et donc arrêts de travail en hausse. Parmi les facteurs aggravants, on retrouve : la multiplication des canaux d’information, le manque d’intégration entre les outils numériques, une culture de l’immédiateté toxique, et l’absence de véritable droit à la déconnexion.

Mais alors, que peut-on faire concrètement ? La source de nos maux peut aussi être une partie de la solution. Bien utilisées, les technologies peuvent non seulement améliorer la productivité, mais aussi réduire la charge mentale à l’origine de la fatigue numérique. Et pour cela, certaines bonnes pratiques peuvent être mises en place rapidement.

 

Utilisation des options de présence et du statut

Les outils de communication modernes proposent des statuts personnalisables : “disponible”, “occupé”, “ne pas déranger” ou même des messages plus précis comme “en réunion jusqu’à 11h, merci de revenir plus tard”. Ces fonctions permettent de bloquer automatiquement les notifications et de retrouver une forme de liberté numérique que le bureau traditionnel n’offrait pas.

Ces statuts envoient un message clair : “je suis concentré, merci de ne pas m’interrompre.” Là où, en open space, un collègue pouvait passer la tête pour raconter son week-end et faire voler en éclats votre concentration, ces outils permettent de préserver des bulles de calme, dédiées au travail profond, sans interruption.

 

Intégration des horaires de travail

Le droit à la déconnexion n’est pas seulement un confort pour l’employé – c’est aussi un bénéfice direct pour l’employeur. Un collaborateur reposé revient plus motivé, plus efficace et surtout, il sait ce qu’on attend de lui.

Pour rendre ce droit concret, les outils de communication permettent d’intégrer les horaires de travail et les périodes de congé. Résultat : les notifications sont automatiquement désactivées en dehors des plages définies. Pas d’intrusion, pas de réunion surprise à 19 h, pas de message qui vient polluer un moment personnel. C’est une manière simple de tracer une ligne claire entre vie pro et vie perso, sans ambiguïté.

 

Unification des canaux

Un des facteurs les plus souvent cités comme source majeure de stress numérique, c’est la dispersion des canaux de communication. On jongle entre messages, mails, appels, visios… À force, on passe plus de temps à chercher l’info qu’à la traiter.

L’unification de ces canaux dans une seule plate-forme centralisée, avec une gestion uniforme des horaires et des statuts de présence, permet de réduire drastiquement la charge mentale. Moins de plateformes = moins de distractions, moins de doubles notifications et plus de sérénité.

 

Aller plus loin

La technologie peut beaucoup… mais elle ne peut pas tout. Il y a un volet culturel essentiel à prendre en compte. Disposer d’outils qui favorisent la déconnexion ou permettent de s’isoler pour mieux se concentrer, c’est une chose. Mais encore faut-il que l’entreprise valorise leur usage.

Autrement dit : il ne suffit pas que les outils existent, il faut que leur usage soit légitime, encouragé, reconnu. Cela passe par une culture managériale bienveillante, une communication claire et des formations pour expliquer aux équipes à quoi servent ces outils… et pourquoi il est sain de les utiliser.

Une fois ces outils démocratisés et intégrés à la culture d’entreprise, la fatigue numérique peut enfin reculer. Les collaborateurs redeviennent plus sereins, plus reposés, plus concentrés… donc, mécaniquement, plus efficaces et engagés.

Et c’est peut-être ça, au fond, le vrai progrès technologique : pas d’aller plus vite, mais de mieux travailler.

Julien Rio

Publié le 18 juillet 2025

Julien Rio est diplômé d’un Bachelor of Business Administration à l’ICN Business School et d’un Master MSC Ecommerce à l’Université Polytechnique de Hong Kong.

 

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