Isabelle Gouyé : « L’AVARAP m’a donné toute la force nécessaire pour plonger dans un nouvel environnement ! »
Rien ne destinait Isabelle Gouyé – que ses études et ses expériences professionnelles ont préparée à évoluer dans des métiers commerciaux divers – à prendre la responsabilité d’un hôtel… sauf que c’est là que son groupe AVARAP la voit exercer ses talents multiples. Alors, quand, après la sublimation de son groupe, l’opportunité se présente, Isabelle plonge. Dix ans de bonheur qui la laissent en appétit pour poursuivre sur cette voie ou démarrer une carrière sous les cieux guadeloupéens de ses origines.
De sa petite enfance passée en Guadeloupe Isabelle Gouyé n’a que de bons souvenirs. Et une expérience précoce de la rupture. « Je suis née en Guadeloupe dans une famille créole et j’y ai été très heureuse. J’avais 8 ans quand, pour des raisons médicales, mes parents ont dû se rendre en France métropolitaine et qu’ils ont décidé d’y rester. J’ai ressenti ce choix comme une rupture, même si j’ai continué de passer régulièrement des vacances aux Antilles », raconte-t-elle.
« Être née sur une île m’a donné la passion des voyages et le goût des rencontres », ce qu’elle met en pratique lorsqu’à 18 ans elle part effectuer un « road trip » d’un an aux Etats-Unis.
Son rêve alors est de devenir interprète à l’ONU. Elle obtient une double maîtrise : Affaires et commerce et Traduction français/anglais/espagnol. Mais elle réalise vite qu’il faut être « native speaking » pour avoir une chance d’obtenir un poste dans cette prestigieuse institution.
Marier le commerce et la pratique des langues
Forte de sa double compétence, elle rejoint des sociétés américaines, dont, dit-elle, « les attentes sont claires, les gens pragmatiques, qui valorisent la réactivité, la polyvalence et qui vous font a priori confiance ».
En 1987, elle intègre tout d’abord la société 3Com, spécialisée dans les équipements réseaux, où elle est assistante du DG en charge des Services généraux, de l’interface Etats-Unis/Europe, de la gestion et de la communication des résultats. Elle y reste deux ans et obtient ensuite un poste comparable chez Seagate, fabricant de disques durs et de logiciels. Pendant trois ans elle y fait largement la preuve qu’elle sait s’adapter à toutes les situations.
Un nouveau poste s’ouvre dans l’entreprise, celui de responsable du marketing événementiel. Maintenant mariée, elle prend le risque de postuler et c’est elle que l’on retient pour occuper cette fonction nouvelle pour elle.
Son premier bébé arrive en 1994. « J’étais en déplacement quatre à dix jours par mois. C’était un peu dur mais j’avais trouvé un équilibre. Qui s’est rompu avec l’arrivée de mon fils en 1997. Le contexte étant moins favorable pour l’entreprise, j’ai négocié un départ ». Elle s’octroie une année sabbatique pour profiter de son fils. Mais elle s’ennuie, elle a besoin d’un projet, de challenges, de contacts.
Elle trouve rapidement un poste de PA du Président du Directoire chez Sofrer, une société familiale française spécialisée dans le déploiement de réseaux de télécommunication. La société, contre toute attente, est rachetée en juin 2001 et sommée de déposer le bilan, laissant 870 salariés sur le carreau en France. « C’est une expérience à la fois désagréable et formatrice, on apprend à survivre, on paie les salariés mais on ne paie plus les cadres, les bureaux se vident, on n’a plus d’électricité… Ça endurcit ! »
Elle vit ensuite deux expériences peu concluantes, la première comme commerciale chez Terre Events, une petite structure d’accompagnement de groupe (2002-2003) et la seconde comme responsable communication et développement pour l’association « L’Envol pour les enfants européens » (2004-2007). « J’ai détesté le monde associatif, les égos surdimensionnés de ses dirigeants, l’absence de rigueur, la frustration constante. » La rupture est douloureuse : « J’ai perdu aux prudhommes, mais ne regrette rien », déclare-t-elle. Elle n’est alors pas « au mieux de ma forme ».
L’AVARAP est pour moi une planche de salut
En 2008, un ami d’HEC, lui parle de l’AVARAP. Séduite par cette approche globale, elle s’inscrit et intègre un groupe. « Le lundi soir, c’était ma bouffée d’oxygène », se souvient-elle. Lors de la séance de l’ADT, son groupe la voit comme directrice d’hôtel, un job auquel elle ne connaît rien. Au même moment, « un hasard ? », son meilleur ami vient d’acheter un hôtel de charme à Courbevoie. Il lui confie que le directeur actuel n’est pas compétent et qu’il la verrait bien dans son poste. Elle a 47 ans, elle est consciente qu’elle a tout à apprendre, elle sait qu’elle a les compétences d’organisation et de gestion nécessaires et elle plonge. Mais elle va être seule aux commandes de 7 heures à 20 heures. Ses enfants, l’un est en fin de primaire et l’autre démarre le collège, la soutiennent dans ce challenge. « Ils ne m’ont jamais fait le moindre reproche », se réjouit-elle.
S’en suit une aventure réussie de dix ans. Son sentiment général : « C’est pire que d’avoir à grimper l’Annapurna à mains nues, c’était épuisant mais très satisfaisant ». La variété des tâches est inimaginable, avec le challenge de trouver la solution à tous les problèmes qui se posent en permanence. « On apprend sans discontinuer, il faut tout le temps se remettre en question, savoir dire : je ne sais pas ou aidez-moi. C’est le meilleur des antidépresseurs et c’est tellement jouissif quand on a la solution ». Isabelle apprécie la richesse des contacts qu’elle entretient à la fois avec les clients, le personnel et le back-office. « On accumule et on engrange de la confiance, qui nous rend prête à faire face à n’importe quelle situation. »
En 2017, son ami vend l’hôtel et elle ne souhaite pas continuer avec le repreneur. Ses enfants sont maintenant des jeunes adultes autonomes, il lui reste « dix ans à bosser », elle vient de décider de retourner s’installer en Guadeloupe où elle se sent bien, loin des Parisiens « ronchons ».
Mais avant cela, elle s’offre huit semaines de voyage en Asie sac à dos en toute liberté, histoire de boucler la boucle et de renouer avec les voyages et l’aventure.
Elle est aujourd’hui sereine. Elle souhaite prendre le temps de trouver ses marques, tout en restant à l’écoute des opportunités, prête à ne pas en laisser passer une seule… La preuve par les faits : elle a déjà décroché une mission pour un exportateur de vin français…
Gageons qu’elle ne restera pas inactive et qu’elle continuera à se réveiller en se disant : « Aujourd’hui je vais… découvrir, apprendre, faire.. »