Caroline Ducrot, participante à un groupe AVARAP

En septembre dernier, Caroline Ducrot a accueilli les premiers enfants inscrits dans l’école Montessori qu’elle a créée à Issy-les-Moulineaux et qu’elle dirige. Cette aventure, qui a pris corps lors de son parcours AVARAP, lui a permis, après un parcours de dix-sept ans dans le marketing, de revenir à ses premières amours d’adolescente : l’enseignement. 

 

« Je n’aurais jamais réussi mon changement de vie professionnelle sans le soutien de ma famille », déclare d’emblée Caroline Ducrot. Son mari et ses deux filles (8 et 11 ans aujourd’hui) lui ont apporté réconfort, encouragements et soutien autant sur les plans moral que financier. « Et ils ont accepté le nécessaire ajustement de notre niveau de vie », précise celle qui a passé dix-sept ans au marketing d’Unilever quand elle décide de se lancer dans l’aventure de la création d’une école à la pédagogie alternative et « dans le secteur privé sans contrat ».

C’est un retour aux sources pour cette parisienne (elle est née à Sainte-Geneviève des Bois) qui revendique ses origines savoyardes. « Mes grands parents étaient paysans dans les Alpes. Mon père a fait des études d’ingénieur. C’était un travaillomane. Quand je lui ai dit que je me destinais aux métiers de l’enseignement mes parents ont tout fait – avec la complicité de ma sœur – pour me persuader de poursuivre des études dans une grande école. »

 

Pimenter les études

C’est ainsi que, à 18 ans, Caroline entre en prépa à Carnot, puis intègre l’Essec. « Après deux ans de prépa enthousiasmantes, le contenu de l’enseignement de l’Essec m’a un peu déçue. Je me suis donc débrouillée pour pimenter les études : échange au Brésil, stage au Japon – j’en ai profité pour apprendre la langue – et, enfin, alternance dans le service marketing de chez Esso. »

Elle a surtout suivi des cours droit et environnement (« des matières plus ouvertes sur le monde ») puis trouve un job de chef de secteur dans une entreprise de la grande consommation : Bestfoods. Quand son entité est absorbée par Unilever, elle intègre cette nouvelle structure. Elle choisit l’expatriation et part travailler aux Pays-Bas, siège du groupe.

« Je suis une perfectionniste, continue-t-elle. Je me suis retrouvée à dépenser beaucoup d’énergie pour un métier qui ne me nourrissait pas. Au bout de sept années de marketing, j’ai fait un bilan de compétences. Mais, enceinte de mon premier bébé, j’ai estimé que ce n’était pas le bon moment pour changer. »

 

Une méthode prouvée et éprouvée

Une deuxième fille arrive. Caroline mène de front une vie professionnelle toujours plus dense et une vie familiale qui ne l’est pas moins. Un jour son corps dit non : elle se retrouve en burn-out et elle s’arrête de travailler pendant quatre mois. Exténuée, elle ne parvient pas à se reconstruire. Elle décide alors de changer d’univers et elle s’envole deux semaines en Inde pour suivre une cure d’Ayurveda. « Je me suis complètement reboostée, sourit-elle. J’ai rencontré des gens qui vivaient une vie très différente de la mienne, j’ai pris de la distance et j’ai décidé remettre à plat mon job. »

A la faveur d’une suppression de poste, elle quitte Unilever. Elle entend parler de l’AVARAP par une amie et elle assiste à une réunion d’information. Elle est séduite par le travail en groupe, le sérieux de la méthode prouvée et éprouvée même si elle ne trouve pas la présentation « sexy » et l’organisation « un peu militaire ».

En janvier 2017, elle intègre un groupe qui se réunit les mercredis soir à Neuilly. Les débuts sont chaotiques car le parrain connaît des difficultés familiales qui le conduisent à laisser le groupe d’abord à Olivier Leroy puis à Blandine de Rugy. Sa volonté d’avancer est telle qu’elle est volontaire pour tout. « J’ai franchi en première position toutes les étapes, se souvient-elle, premier miroir, premier ADT, etc. Lors de l’ADT, le pôle enfants est bien ressorti. Et, à ma grande surprise,  le côté entrepreneurial, création et développement d’entreprise aussi. »

 

Projet professionnel : directrice d’une école à la pédagogie alternative

Parmi ses trois cibles – directrice d’une école à la pédagogie alternative, psychologue pour enfants, réinsertion par le voyage, elle choisit de faire son projet professionnel avec la première.

Avec le professionnalisme qui est le sien, elle mène une véritable étude de marché. Elle multiplie les démarches réseau et rencontre « plein de gens qui bossent avec des enfants ». Elle fait un remplacement de trois mois dans une école privée sous contrat à Boulogne ce qui lui confirme que c’est dans la pédagogie alternative qu’elle veut évoluer. Elle démarre alors une formation d’éducatrice Montessori qui va durer une année scolaire.

En parallèle, elle explore les communes potentielles d’installation. Sur une couronne qui va de Meudon à Malakoff, il n’existe aucune école Montessori. Elle présente son projet professionnel à tous les adjoints aux maires des communes cibles. « L’accueil a été excellent à chaque fois, sourit-elle, d’autant plus que mon projet correspondait à une attente forte des familles et… qu’élargir leur offre éducative ne leur coûtait pas un euro. »

 

Une école Montessori bilingue

Caroline finit par trouver à Issy-les-Moulineaux un local qui correspond à ses critères et qui répond aux exigences de l’administration. Elle fait travailler un architecte et entreprend des travaux qui durent deux mois et se terminent peu avant la rentrée scolaire 2018-2019. Son espace peut accueillir jusqu’ à 60 enfants.

Elle démarre la rentrée avec neuf petits de 3 à 6 ans. Elle « aime cette tranche d’âge car il s’agit d’accompagner les enfants dans le développement de leur être, plus que de leur enseigner des matières académiques. » Son école est bilingue anglais. A la rentrée de mars, après une semaine en « English Holiday Club », son école compte 15 enfants.

Chef d’une petite entreprise, elle passe au minimum trois heures chaque jour avec les enfants. Elle s’occupe de toute la gestion et du développement. Un cabinet d’expertise comptable l’aide pour les comptes et son équipe pédagogique atteint aujourd’hui trois personnes.

Elle prévoit d’atteindre un équilibre financier en année 3. « Je fais aujourd’hui un métier qui me passionne. Je peux dire que j’ai la pêche et la banane et que je vis en accord avec mes idées », conclut-elle.