
Benoît Serre : « La semaine de 4 jours, c’est une intensification du travail extrêmement forte »

Travailler l’équivalent de cinq jours en quatre, c’est la proposition expérimentale de l’Urssaf de Picardie à ses salariés. Mais d’autres entreprises ont une approche toute différente.
Travailler moins, c’est travailler plus ? Dans une interview donnée à RMC le 2 février dernier, le vice-président de l’ANDRH, Benoît Serre, pointait les inconvénients de la semaine de quatre jours : « Je comprends que sur un plan individuel, ce soit formidable. Mais il y a plusieurs éléments à prendre en compte. Est-ce qu’on est en semaine de quatre jours avec deux jours de télétravail ? Parce que, là, on va finir par ne plus se voir du tout. La deuxième chose, j’ai vu l’initiative sur les Urssaf de Picardie. Cela fait des journées de 9 heures. C’est une intensification du travail extrêmement forte, avec peut-être le risque de ces moments inutiles de management, comme la machine à café. Sur un plan collectif, c’est un peu plus risqué à moyen terme. »
Pour rappel, en effet, les salariés de l’Urssaf de Picardie pourront expérimenter, dès le 1er mars prochain, la semaine de 36 heures en quatre jours. Un test qui va durer un an mais qui, pour l’instant, n’attire pas les foules : une seule personne a pour l’instant accepté d’y participer, d’après nos confrères de France Bleu.
De toutes les manières, la semaine de quatre jours ne consiste pas, en principe, à réduire uniquement l’amplitude des jours de travail. Elle vise surtout à réduire le temps de travail hebdomadaire…
Une étude détaillée dans le Guardian affirme que la semaine de quatre jours ne résoudra pas le problème du bien-être au travail : « Si l’objectif est de créer une culture de travail engageante, alors ce n’est peut-être pas par la réduction de la semaine de travail qu’il faut commencer », écrivent les deux auteurs, chercheurs pour l’institut Gallup.
À l’échelle du monde, huit employés sur dix ne seraient pas assez impliqués dans leur travail et auraient davantage tendance à regarder l’horloge qu’à travailler. L’étude propose plutôt d’augmenter la flexibilité des jours et des horaires, ainsi que la qualité de l’expérience au travail, avant de changer le nombre de jours ouvrés.
Olivier Hielle
ISRH
Source : https://www.slate.fr/
Publié le 15 février 2023